L'Hebdo #126 : L'impact sur les marchés du ralentissement de la croissance économique et comment profiter de la hausse de l'or ?
📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine
1. Wall Street en perte de vitesse face à l’incertitude politique
Les marchés américains traversent une période de forte incertitude, alimentée par des doutes croissants sur l’impact des décisions économiques de Donald Trump. Après un début d’année marqué par une euphorie boursière, la tendance s’est inversée en février, avec un Nasdaq qui enregistre sa plus forte perte mensuelle depuis avril 2024 et sa pire semaine depuis septembre dernier. L’indice Russell 2000, qui regroupe les petites et moyennes entreprises, est particulièrement affecté, chutant de 3% sur la semaine. Derrière cette correction, plusieurs facteurs pèsent sur le moral des investisseurs : une valorisation historiquement élevée des actions américaines, des interrogations sur la viabilité des politiques protectionnistes de la Maison Blanche et une crainte latente d’un ralentissement économique. En effet, le ratio PER du S&P 500, indicateur clé de valorisation, dépasse de 68% sa moyenne historique sur 20 ans, ce qui alimente les craintes d’une bulle spéculative prête à éclater. Face à ces incertitudes, les investisseurs se tournent vers des marchés jugés plus attractifs, notamment en Europe et en Chine, où les valorisations restent plus raisonnables et les perspectives de croissance plus stables.
2. Surtaxes américaines : une nouvelle guerre commerciale en marche
Donald Trump a officialisé l’application de nouvelles surtaxes douanières allant de 10% à 25% sur des produits en provenance du Canada, du Mexique et de la Chine, déclenchant une onde de choc sur les marchés financiers. Les espoirs d’une volte-face de dernière minute se sont rapidement dissipés, et les investisseurs ont dû intégrer cette nouvelle réalité protectionniste. En représailles, Pékin a annoncé des surtaxes pouvant atteindre 15% sur certains produits américains, notamment agricoles, un secteur déjà sous pression. Cette guerre commerciale relancée a durement frappé Wall Street, notamment le Nasdaq 100, qui a chuté de 2,2% en une séance, entraînant dans sa baisse l’ensemble du secteur technologique. Les craintes d’une inflation importée, couplées à une baisse de la compétitivité des entreprises américaines, renforcent le malaise général des marchés. À l’inverse, les places européennes ont mieux résisté grâce à l’envolée des valeurs liées à la défense, dans un contexte où le Vieux Continent semble vouloir prendre en main sa propre sécurité. Thales, BAE Systems et Rheinmetall ont enregistré des hausses spectaculaires, portées par la perspective d’un vaste plan d’investissement européen dans l’armement et l’autonomie stratégique. Cette divergence entre les marchés américains et européens reflète un changement de paradigme : alors que les États-Unis se replient sur eux-mêmes avec des politiques protectionnistes, l’Europe semble embrasser une approche plus interventionniste et proactive pour défendre ses intérêts économiques et stratégiques.
3. L’Europe reprend la main sur l’Ukraine et sur son avenir économique
Alors que les États-Unis prennent leurs distances avec l’Ukraine, l’Europe tente de reprendre l’initiative diplomatique pour négocier une sortie de crise avec la Russie. Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont multiplié les déclarations en faveur d’une solution politique, envoyant un signal fort aux marchés financiers. Cette dynamique a contribué à renforcer la monnaie unique, l’euro progressant face au dollar dans un climat de regain de confiance envers l’Europe. Toutefois, cette montée en puissance du rôle européen dans le dossier ukrainien ne se fait pas sans conséquence : les budgets nationaux vont devoir absorber une hausse significative des dépenses militaires, notamment en France et en Allemagne, ce qui pourrait peser sur les finances publiques et, à terme, influencer les décisions de la Banque centrale européenne (BCE). Les marchés obligataires ont déjà réagi en anticipant une augmentation des déficits, avec une baisse notable des contrats à terme sur la dette allemande et française. Ce virage stratégique pourrait également modifier la trajectoire monétaire de la BCE, qui a jusqu’à présent suivi une politique prudente en matière de taux d’intérêt. En parallèle, la perspective d’un accord entre Washington et Kiev sur l’exploitation des ressources naturelles ukrainiennes ajoute une nouvelle dimension géopolitique à ce dossier complexe. Si un tel accord venait à voir le jour, il pourrait redéfinir le positionnement économique de l’Ukraine sur la scène internationale, tout en renforçant les tensions entre l’Europe et les États-Unis sur la question du contrôle des ressources stratégiques.
📰 Le dossier de la semaine : La croissance économique ralentit : quel impact sur les marchés ?
Depuis le début de l'année 2025, l'économie américaine montre des signes de ralentissement après une fin 2024 dynamique. Alors que la consommation marque le pas et que l'incertitude politique s'accentue, les marchés financiers s'ajustent à un nouvel environnement. Si une récession ne semble pas immédiate, les investisseurs adoptent une posture plus prudente, préférant les valeurs défensives et les obligations. Analysons les raisons de ce ralentissement, l'impact des politiques économiques et les réactions des marchés financiers.
1. Un ralentissement économique marqué par la baisse de la consommation
Après une croissance du PIB de 2,5 % au quatrième trimestre 2024 et une consommation en hausse de 4,2 %, les premiers indicateurs de 2025 indiquent un net ralentissement. Les ventes au détail et les dépenses personnelles sont en recul, un signal que la confiance des ménages s'effrite.
L'outil de suivi du PIB de la Fed d'Atlanta prévoit une contraction de -2,4 % pour le premier trimestre, alors qu'il estimait encore une croissance de 3,9 % en début d'année. Ce retournement s'explique en partie par une hausse des importations en anticipation de nouveaux tarifs douaniers. Toutefois, l'élément le plus préoccupant est le ralentissement de la consommation, qui passe de 4,1 % à seulement 0,4 %.
Comme la consommation représente près de 70 % du PIB américain, cette tendance pourrait peser durablement sur la croissance si elle se prolonge.
2. L'incertitude politique et les tensions commerciales pèsent sur l'économie
Outre la baisse de la consommation, le climat d'incertitude lié aux politiques économiques et commerciales freine l'activité.
L'administration américaine a annoncé de nouvelles taxes de 25 % sur le Mexique et le Canada, avant de repousser leur application au 2 avril. Cette incertitude pèse sur les marchés, d'autant plus que l'Union européenne pourrait être concernée par de nouvelles sanctions commerciales. Certains pays, comme le Canada et l'Europe, ont déjà prévenu qu'ils adopteraient des mesures de rétorsion, ce qui pourrait alimenter une inflation importée et affaiblir le pouvoir d'achat.
Par ailleurs, les mesures d'austérité gouvernementales inquiètent. Bien que le rapport sur l'emploi de février ait indiqué une création de 151 000 postes et un chômage en légère hausse à 4,1 %, ces chiffres ne prennent pas encore en compte les suppressions d'emplois fédérales. La contraction du secteur public pourrait aggraver la situation et accentuer le ralentissement économique.
3. Une Fed plus accommodante face au ralentissement
Malgré ce contexte, la politique monétaire pourrait offrir un soutien à l'économie. Initialement, la Fed ne prévoyait aucune baisse de taux en 2025, mais les marchés anticipent désormais trois réductions du taux directeur. Jerome Powell, président de la Fed, a signalé que l'économie restait résiliente mais que l'affaiblissement de la consommation et l'incertitude politique incitaient à la prudence.
Si l'inflation ne dérape pas sous l'effet des hausses tarifaires, la Fed pourrait abaisser ses taux de deux ou trois points cette année. Une telle flexibilité monétaire offrirait un soutien aux entreprises et aux consommateurs, ce qui pourrait redonner un second souffle à l'activité économique.
Alors que l'économie américaine ralentit, les marchés restent prudents. L'incertitude politique et commerciale pèse sur la confiance des consommateurs et des entreprises. Toutefois, la Fed pourrait jouer un rôle stabilisateur en abaissant ses taux directeurs pour soutenir la croissance.
Les investisseurs doivent donc naviguer avec prudence, tout en restant attentifs aux opportunités offertes par un marché en phase de correction. Les corrections de 5 % à 15 % sont fréquentes et peuvent représenter des points d'entrée intéressants pour les investisseurs de long terme. Et n'oubliez pas de diversifier à fond vos portefeuilles !
🏦 Investissement : Or, comment en profiter en 2025 face aux incertitudes économiques ?
Dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques accrues et des guerres commerciales persistantes, l’or continue de s’imposer comme une valeur refuge incontournable. Depuis 2019, le cours de l’once d’or a doublé, et après une hausse impressionnante de plus de 40 % en 2024, les analystes prévoient un maintien de cette dynamique. Goldman Sachs anticipe un cours de 3 100 dollars l’once d’ici fin 2025, avec un scénario possible allant jusqu’à 3 300 dollars. Dans ce contexte, est-il encore temps d’investir dans l’or et quelle est la meilleure stratégie pour s’exposer à ce métal précieux ?
1. L’or en plein essor : un contexte économique favorable
L’or a enregistré une performance exceptionnelle en 2024, avec une progression de 34 %, surpassant celle de nombreux indices boursiers. Ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs macroéconomiques :
L’incertitude économique mondiale : La crainte d’un ralentissement économique global, combinée aux tensions commerciales entre les grandes puissances, incite les investisseurs à se tourner vers des actifs refuges.
Les banques centrales en soutien : En janvier 2025, les banques centrales ont acheté 18 tonnes nettes d’or. La Chine, l’Inde et la Pologne poursuivent une politique d’accumulation, renforçant la demande mondiale.
Une inflation persistante : Historiquement, l’or a toujours été perçu comme une protection contre l’inflation. Avec des niveaux de prix élevés et des politiques monétaires incertaines, les investisseurs privilégient cet actif tangible.
La dédollarisation en cours : Certaines grandes économies cherchent à réduire leur dépendance au dollar, favorisant ainsi l’augmentation des réserves d’or.
Toutefois, bien que l’or semble bien orienté, des mouvements erratiques de son cours peuvent être observés. Certains analystes estiment que l’or évolue désormais de manière plus indépendante des marchés traditionnels, rendant ses fluctuations moins prévisibles à court terme.
2. Comment investir dans l’or ? Les différentes stratégies
Face à la montée des prix, les épargnants s’interrogent sur la meilleure manière d’investir dans l’or. Plusieurs options existent, chacune ayant ses avantages et inconvénients.
a) L’or physique : une valeur sûre mais coûteuse :
Investir dans de l’or physique reste l’option la plus sécurisante en période d’incertitude. Il est possible d’acheter :
Des lingots et lingotins : Généralement privilégiés pour leur pureté et leur forte valeur marchande.
Des pièces d’or : Comme le Napoléon ou le Krugerrand, plus accessibles et facilement revendables.
Cependant, posséder de l’or physique implique des frais de stockage et de sécurité. Les investisseurs doivent prévoir des coffres de banques ou des solutions de stockage spécialisées, avec des frais pouvant atteindre 3 % par an. Par ailleurs, la fiscalité en cas de revente doit être prise en compte. Après trois ans de détention, un abattement de 5 % par an s’applique sur la plus-value imposable, jusqu’à une exonération totale après 22 ans.
b) Les ETF adossés à l’or : une solution accessible et liquide
Pour ceux qui souhaitent investir sans gérer le stockage, les ETF (Exchange-Traded Funds) constituent une alternative intéressante. Deux grandes catégories existent :
Les ETF physiques : Ils détiennent directement de l’or et suivent son cours en temps réel.
Les ETF synthétiques : Ils répliquent la performance du métal jaune via des produits dérivés.
Les ETF offrent des frais réduits par rapport à l’achat d’or physique, mais comportent des risques de contrepartie. Certains fonds, comme le SPDR Gold Shares (GLD), sont largement utilisés par les investisseurs souhaitant une exposition à l’or sans contraintes logistiques.
c) Les valeurs aurifères : un pari plus risqué mais potentiellement lucratif
Une autre option consiste à investir dans des actions de sociétés minières spécialisées dans l’extraction d’or. Parmi les principales entreprises du secteur, on retrouve :
Barrick Gold (Canada)
Newmont Corporation (États-Unis)
Agnico Eagle Mines (Canada)
Ces actions permettent de profiter de la hausse du cours de l’or tout en bénéficiant d’éventuels dividendes. Cependant, elles sont plus volatiles et dépendent aussi des coûts d’exploitation et de la conjoncture minière.
3. Quelle stratégie adopter pour investir dans l’or en 2025 ?
Face à la forte progression de l’or ces dernières années, de nombreux investisseurs se demandent s’il est encore judicieux d’y investir. Voici quelques recommandations :
a) Privilégier une approche progressive
Au lieu d’investir massivement en une seule fois, il peut être intéressant de lisser ses achats dans le temps, via une stratégie de DCA (Dollar Cost Averaging). Cela permet de réduire l’impact des variations du cours et d’optimiser le prix d’entrée.
b) Diversifier son exposition
Une combinaison entre or physique, ETF et actions minières permet de bénéficier à la fois de la stabilité du métal et du potentiel de croissance des entreprises du secteur.
c) Anticiper la fiscalité et les frais
Pour l’or physique, il est préférable de conserver un justificatif d’achat pour bénéficier d’une fiscalité plus avantageuse en cas de revente.
Pour les ETF et les actions minières, il convient de bien analyser les frais de gestion et d’évaluer l’impact du risque de change si l’investissement est libellé en dollars.
d) Surveiller les évolutions macroéconomiques
Les tensions géopolitiques, les politiques monétaires des banques centrales et les tendances inflationnistes sont des facteurs clés qui influenceront le cours de l’or en 2025. Il est essentiel de rester informé pour ajuster sa stratégie d’investissement.
L’or reste une valeur refuge de premier ordre, notamment en période d’incertitude économique et politique. Si les prévisions indiquent une poursuite de la hausse des cours, il est important d’adopter une approche réfléchie et diversifiée pour investir efficacement. Que ce soit via l’or physique, les ETF ou les actions minières, chaque investisseur devra évaluer ses objectifs et son profil de risque avant de se positionner sur ce marché. Dans tous les cas, l’or demeure un actif clé pour sécuriser un portefeuille et se prémunir contre la volatilité des marchés financiers.
💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :
Air France-KLM va enchérir pour les 49% de la compagnie aérienne TAP mis en vente par le Portugal.
Microsoft retirera le service Skype en mai.
SoftBank est en pourparlers pour emprunter 16 milliards de dollars afin de financer des projets d'IA, selon The Information.
Thales vise 5 à 6% de croissance organique cette année après avoir amélioré ses résultats 2024.
Vinci remporte un contrat pour la modernisation du réseau d'approvisionnement en eau en Ouganda.
TotalEnergies annonce l'inauguration réussie d'un parc éolien offshore à Taïwan.
Eurazeo réalise le premier closing de 300 M€ pour son fonds à impact "Planetary Boundaries".
Lindt a annoncé mardi un bénéfice d'exploitation annuel légèrement supérieur aux prévisions, alors que la société fait face à des prix du cacao historiquement élevés.
CVC Capital Partners soumettrait une offre d'un milliard de dollars pour acquérir les tournois de tennis Miami Open et Madrid Open d'Endeavor Group.
Canal+ signe un accord sur le cinéma français avec un investissement de 480 millions d'euros.
Walgreens se rapproche d'un accord de privatisation d'environ 10 milliards de dollars, selon le WSJ.
TSMC investira "au moins 100 milliards de dollars" aux Etats-Unis, annonce Trump.
Société Générale s'associe à Palantir pour renforcer la protection internationale contre les crimes financiers.
Bayer prévoit une amélioration en 2026 après une baisse des bénéfices cette année.
Prada affiche une croissance de 25% de son bénéfice en 2024 et une hausse de 17% de son chiffre d'affaires.
Thales et Eolo vont développer l'accès à l'internet à haut débit en Italie.
JCDecaux vise une marge opérationnelle de plus de 20% cette année.*
Zalando prévoit une hausse du bénéfice de base et des ventes en 2025.
Havas confirme ses objectifs 2025 après les résultats 2024. Le groupe va procéder à un regroupement d'actions à raison de 10 anciennes pour 1 nouvelle.
Tesla va construire une nouvelle méga-usine au Texas, selon Electrek.
BNP Paribas réaffirme son engagement à soutenir le financement des entreprises de défense.
Microsoft va investir 298 millions de dollars dans l'IA en Afrique du Sud.
Samsung Electronics cherche un responsable des affaires publiques américaines ayant des liens avec Trump, selon la presse.
Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse