L'Hebdo #092 : Nos perspectives pour le reste de l'année, l'annulation du maintien de la niche fiscale Airbnb et le calcul des taux des livrets réglementés
📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine
1. Clôture en hausse
L'absence de majorité absolue à l'issue des élections législatives en France a finalement été bien accueillie cette semaine. Elle a permis aux places européennes de reprendre de la hauteur, le risque d'une augmentation de la pression fiscale s'étant considérablement réduit. Les principaux indices boursiers ont clôturé en hausse vendredi, les grandes capitalisations étant en retrait par rapport aux petites et moyennes capitalisations. Les performances sectorielles sont globalement en hausse, les actions des secteurs de la consommation discrétionnaire et de la technologie étant en tête des hausses, ce qui témoigne d'un sentiment d'optimisme à l'égard du risque. Le S&P 500 et le Dow Jones Industrial Average ont atteint des niveaux record. Sur les marchés mondiaux, l'Asie a connu une évolution contrastée : la Chine a progressé grâce à des exportations plus élevées que prévu, tandis que l'indice Nikkei du Japon a reculé après avoir atteint des sommets en début de semaine, tandis que l'Europe a progressé. Les rendements obligataires sont en légère baisse, le rendement du Trésor à 10 ans étant proche de 4,18 %. Le dollar américain a reculé par rapport aux principales devises. Dans le secteur des matières premières, le pétrole WTI et l'or se sont négociés à la baisse.
2. Les investissements institutionnels relancent le marché des cryptos
Le bitcoin (BTC) met fin à quatre semaines consécutives de baisse, avec une reprise de 3,16% depuis lundi, atteignant désormais environ 57 500 dollars. Cette hausse est en partie due à de nouveaux investissements dans les ETF Bitcoin Spot cette semaine, ces produits financiers ayant enregistré des entrées nettes positives de 737 millions de dollars aux États-Unis. Cela montre que les investisseurs professionnels et institutionnels ont cherché à accumuler des BTC après une chute de son cours de 13 000 dollars (-18%) en un mois. Comme souvent, le reste du marché suit cette tendance haussière. L'ether (ETH) augmente de 5,44% à 3 102 dollars, le Binance Coin (BNB) progresse de 7,8% à 529 dollars, et Solana (SOL) grimpe de 4,7% à 137 dollars.
3. La saison des résultats des entreprises démarre
Les attentes sont élevées alors que les entreprises commencent à publier leurs résultats du deuxième trimestre cette semaine. La croissance des bénéfices en glissement annuel est estimée à 8,8 %, ce qui serait le rythme le plus rapide depuis le premier trimestre 2022. La croissance des bénéfices devrait également se généraliser, huit des onze secteurs devant enregistrer une croissance en glissement annuel. Nous pensons que l'élargissement continu de la performance des bénéfices devrait permettre aux secteurs à la traîne de rattraper les secteurs des technologies et des services de communication, qui ont tiré le marché vers le haut.
📰 Le dossier de la semaine : Nos perspectives pour le reste de l'année
Les marchés boursiers américains ont progressé au cours du premier semestre 2024, grâce à un gain de 15,3 % des actions à grande capitalisation. L'enthousiasme suscité par l'intelligence artificielle (IA), ainsi que la forte croissance des bénéfices, ont fait grimper les actions des secteurs de la technologie et des services de communication. Les taux d'intérêt ont augmenté au cours du premier semestre de l'année, exerçant une pression sur les obligations de bonne qualité. La résistance de la croissance économique a soutenu les émetteurs de moindre qualité, ce qui a permis aux obligations américaines à haut rendement et à la dette des marchés émergents de réaliser des gains modestes. Après avoir relevé leurs taux pour lutter contre l'inflation, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque du Canada (BdC) ont été les premières banques centrales du G7 à abaisser leurs taux directeurs. Après plusieurs mois d'inflation plus élevée que prévu au début de l'année 2024, l'inflation américaine a repris sa tendance à la baisse au deuxième trimestre. Les actions internationales ont progressé au premier semestre 2024, les actions des marchés émergents devançant les actions des grandes capitalisations internationales développées. Le soutien budgétaire de la Chine a aidé les actions des marchés émergents, tandis que l'amélioration de la croissance économique en Europe et la forte croissance des bénéfices des entreprises au Japon ont aidé les actions internationales développées, partiellement compensées par un dollar américain plus fort.
1. Les perspectives sur le marché action
Nous pensons que les secteurs axés sur la technologie continueront à jouer un rôle important dans les portefeuilles. Les secteurs de la technologie, des services de communication et de la consommation discrétionnaire, qui comprennent tous des méga-capitalisations dans le domaine de l'intelligence artificielle, représentent plus de la moitié du S&P 500. Ces entreprises ont réalisé des bénéfices et disposent de liquidités considérables, ce qui leur permet de réinvestir dans leurs activités et d'offrir de la valeur à leurs actionnaires.
Mais nous continuons de penser que le leadership du marché devrait s'étendre au-delà des méga-capitalisations technologiques. Tout d'abord, si la croissance récente des bénéfices a été largement le fait de sociétés liées à la technologie, il est probable que d'ici le quatrième trimestre, la croissance des bénéfices sera également tirée par d'autres secteurs. Deuxièmement, à mesure que nous nous rapprochons des baisses de taux de la Fed, les secteurs cycliques du marché pourraient rattraper leur retard, car les rendements plus faibles soutiennent l'économie. Enfin, au fil du temps, les gains de productivité et d'efficacité liés à l'IA se feront sentir dans tous les secteurs, selon nous.
Historiquement, les marchés boursiers ont connu une certaine volatilité dans les semaines précédant l'élection américaine. Toutefois, les marchés se redressent généralement dans les semaines qui suivent l'élection. Dans ce cycle électoral, nous nous attendons à ce que le Congrès reste divisé, ce qui signifie qu'aucune nouvelle réglementation ou législation majeure n'est probable, quel que soit le parti qui l'emporte. Les marchés préfèrent généralement les blocages politiques, car ils sont synonymes d'un environnement opérationnel plus transparent pour les entreprises. Sur le long terme, les marchés ont tendance à suivre les fondamentaux, notamment l'inflation, les taux d'intérêt et la croissance économique, plus que la politique et les élections.
2. Les perspectives sur le marché obligataires
Lors de sa réunion de juin, la Fed a réduit ses prévisions à une baisse des taux d'intérêt pour cette année. Nous pensons que la modération de l'inflation permettra à la Fed de procéder à des réductions de taux potentiellement en septembre et/ou en décembre. À mesure que le calendrier et le rythme des réductions se préciseront, les rendements à court terme devraient diminuer, ce qui accentuera probablement la pente de la courbe des rendements et entraînera un risque de réinvestissement plus élevé pour les obligations à court terme. Les obligations à moyen et long terme et les fonds obligataires, qui fixent les taux à plus long terme, nous paraissent intéressants.
La probabilité d'une baisse des taux d'intérêt par la Fed devrait soutenir l'économie, ce qui serait favorable aux actions. Les obligations se comportent généralement bien pendant les cycles de réduction des taux de la Fed, car leurs prix augmentent, mais elles pourraient sous-performer les actions américaines de moyenne capitalisation, qui offrent un équilibre entre la qualité et la cyclicité, ce qui leur permettrait de bénéficier de la croissance économique.
L'économie résiliente soutient les émetteurs de moindre qualité, y compris les obligations américaines à haut rendement. Les écarts de crédit, qui indiquent l'excédent de rendement par rapport aux obligations du Trésor américain pour compenser le risque de défaillance, sont nettement inférieurs aux moyennes historiques. Nous estimons que les possibilités de les réduire davantage sont limitées. La dette des marchés émergents est plus attrayante, selon nous, car elle pourrait bénéficier davantage de la baisse des taux en raison de sa meilleure qualité et de sa durée plus longue.
3. Les perspectives à l'international
Une modeste reprise de la zone euro semble être en cours, la croissance s'étant accélérée plus que prévu au premier trimestre, et des indicateurs d'enquête opportuns suggèrent que les perspectives de la région s'améliorent. Bien que le chômage soit tombé à des niveaux historiquement bas, les pressions inflationnistes se sont atténuées et la BCE a commencé à assouplir sa politique. Alors que l'activité de la zone euro rebondit après une période d'accalmie et que l'activité économique américaine se normalise après une période de vigueur exceptionnelle, nous pensons que les actions des marchés développés internationaux offrent un potentiel de rattrapage et des avantages en termes de diversification.
En réponse à un environnement économique incertain et à une crise immobilière persistante, les responsables politiques chinois ont abaissé les taux d'intérêt, autorisé les banques à conserver des réserves moins importantes et annoncé des mesures visant à absorber une partie de l'inventaire immobilier excédentaire. Ce soutien politique a entraîné un rebond des actions au deuxième trimestre, mais nous restons prudents quant à la pérennité de ce rebond, les estimations de bénéfices se situant autour des chiffres de 2017.
D'autres banques centrales ont commencé à assouplir leur politique au deuxième trimestre, la BCE et la Banque de Chine ayant abaissé leurs taux d'intérêt en juin. Les banques centrales adopteront probablement une approche prudente en matière de réduction des taux afin de s'assurer que l'inflation est contenue, mais nous pensons qu'un cycle d'assouplissement pluriannuel continuera à prendre de l'ampleur l'année prochaine. La baisse des taux peut contribuer à la reprise de l'activité manufacturière et profiter aux secteurs cycliques. Un pivot de la Fed vers des réductions de taux pourrait peser sur le dollar américain, ce qui favoriserait la performance des investissements internationaux.
🏠 Immobilier : Le Conseil d'État annule le maintien de la niche fiscale Airbnb
Les appartements touristiques de location saisonnière ne bénéficieront plus de l'abattement fiscal avantageux. Le Conseil d'État a annulé la clause permettant aux locations type Airbnb de profiter d'une niche fiscale que le gouvernement avait par erreur laissé en place dans la loi de finances pour 2024, répondant ainsi à la demande des organisations professionnelles du tourisme.
Le paragraphe supprimé permettait aux contribuables d'appliquer aux revenus de 2023 les dispositions antérieures à la nouvelle loi de finances, afin de limiter les effets d'une application rétroactive.
Jusqu'alors, les loueurs pouvaient bénéficier d'abattements forfaitaires substantiels. En optant pour le régime « micro-BIC », il était possible de déduire 50 % des revenus locatifs, dans la limite de 77.700 euros (et même 71 %, dans la limite de 188.700 euros pour les meublés de tourisme « classés »). L'amendement du Sénat ramenait l'abattement à 30 %, dans la limite de 15.000 euros - exactement comme pour la location non meublée.
L'association pour un tourisme professionnel (AToP), le groupement des hôtelleries et restaurations de France (GHR), l'union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH), ainsi que les sénateurs Ian Brossat (PCF) et Max Brisson (Les Républicains) avaient saisi le Conseil d'État. Leur requête avait été rejetée en référé, mais la décision finale n'étant pas rétroactive, les déclarations de revenus pour 2023 faites dans les délais ne seront pas impactées.
Cette décision est perçue comme un tournant dans la lutte contre les avantages fiscaux injustifiés dont bénéficient les locations Airbnb par rapport aux locations nues. Elle pourrait aussi encourager d'autres actions en justice contre des dispositifs similaires.
L'abattement fiscal avait été maintenu par erreur après un couac lors de l'examen du budget de l'État fin 2023. Le gouvernement avait omis de supprimer un article introduit par l'opposition qui réduisait fortement l'abattement fiscal des meublés touristiques.
En février, une note du Bulletin officiel des finances publiques avait réintroduit cet abattement pouvant aller jusqu'à 71 % du chiffre d'affaires des locations de meublés touristiques. Cette réintroduction a créé de la confusion parmi les représentants du secteur sur les intentions du gouvernement.
Des parlementaires de divers partis avaient proposé de réduire l'abattement fiscal à 30 % dans les zones où l'accès au logement est difficile. Le gouvernement, bien que favorable à une révision de la niche fiscale, n'était pas d'accord pour réduire l'abattement à ce point, et aurait pu supprimer la mesure lors de l'utilisation de l'article 49.3, mais l'a laissée par "erreur".
🏦 Investissement : Comment sont calculés les taux des livrets réglementés ?
Le ministre de l'Economie a choisi vendredi d'abaisser le taux du Livret d'épargne populaire (LEP) de 5% à 4%, et de maintenir celui du Livret A à 3%. L'occasion de se demander comment sont calculés les taux des livrets réglementés ?
Les taux des livrets réglementés, tels que le Livret A, sont influencés par les variations des taux directeurs. Le Livret A est recalculé chaque semestre. Son rendement se base sur deux éléments :
Moyenne semestrielle des taux interbancaires à court terme €STR**, arrondie au dixième de point le plus proche, avec un minimum de 0,5% ;
L'inflation en France, mesurée par la moyenne des douze derniers mois de l'indice des prix à la consommation.
Pour le livret d'épargne populaire (LEP), son taux est le plus élevé entre le taux du Livret A majoré de 0,5 point et le taux de l'inflation en France.
Bien que ces règles de calcul servent de référence, elles ne sont pas appliquées de manière automatique. Le gouvernement fixe les taux des livrets réglementés par décret, sur recommandation de la Banque de France, qui n'a cependant pas le pouvoir décisionnaire. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, avait promis de maintenir le taux du Livret A à 3 % jusqu'au 31 janvier 2025. La Banque de France a récemment recommandé de maintenir ce taux à 3 %, reflétant presque exactement le taux calculé par la formule. Pour le LEP, bien que la formule suggère une baisse de 5 % à 3,6 % au 1er août, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a proposé de limiter la baisse à 4 %. Généralement, le ministère de l'Économie suit ces recommandations, comme cela a été le cas récemment.
Le Plan d'Épargne Logement (PEL) est également influencé par les taux du marché. Le rendement du PEL, fixé à l'ouverture du contrat pour toute sa durée, est déterminé par une formule prenant en compte les taux des marchés monétaires (taux swap à 2, 5 et 10 ans). Les taux swap reflètent les taux moyens auxquels les banques européennes peuvent emprunter ou prêter des fonds sur différentes périodes.
💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :
Boeing plaide coupable pour fraude liée aux accidents mortels du 737 MAX.
Burberry Group pourrait supprimer des centaines d'emplois selon le Telegraph.
Stellantis lancera 36 modèles hybrides abordables d'ici 2026.
Dassault Systèmes revoit ses objectifs à la baisse après un CA décevant au T2.
Teleperformance est primé pour sa technologie reposant sur l'IA.
Believe prend une participation de 25% dans le label indépendant Global Records.
Nvidia pourrait atteindre un bénéfice par action de 5 USD en 2025 grâce à la forte dynamique de l'IA, selon UBS.
Samsung Electronics remporte une commande de puces d'intelligence artificielle de pointe auprès de la société japonaise Preferred Networks.
BNP Paribas et Mistral AI étendent leur accord de partenariat.
Volkswagen abaisse sa prévision de rentabilité en raison de charges imprévues.
Porsche Automobil revoit à la baisse ses prévisions de résultats pour l'exercice 2024.
Barclays veut tripler ses effectifs sur les marchés clés en Asie, selon Bloomberg.
Stellantis rappelle plus de 330.000 véhicules aux Etats-Unis pour un problème d'airbag.
Apple envisage d'expédier 10% de nouveaux iPhones en plus en 2024 selon Bloomberg.
Tesla augmente les prix de sa Model 3 en Europe en raison des droits de douane.
Kaufman & Broad confirme ses guidances annuelles avec un chiffre d'affaires de 452,5 millions d'euros au S1
Vivendi envisage une introduction en Bourse de Canal+ à Londres selon Bloomberg.
McDonald devrait afficher des résultats en baisse au deuxième trimestre, selon Morgan Stanley.
Air China prévoit une perte allant jusqu'à 3 milliards de yuans en S1.
Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse