L'Hebdo #091 : L'économie américaine montre des signes de ralentissement mais l'inflation aussi, les propositions fiscales des trois grands partis et le non coté qui devient obligatoire dans les PER

📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

1. Les actions terminent une courte semaine sur une note positive

Le marché boursier a atteint de nouveaux sommets avant les vacances et a renforcé ses gains lorsque les principaux indices américains ont clôturé en hausse vendredi. Le rapport sur l'emploi américain du mois de juin a été le principal événement de la journée. Il a été suffisamment solide pour soutenir l'expansion économique, mais il a également signalé quelques fissures qui ralentiront probablement le rythme de la croissance économique au fur et à mesure que nous avançons. Les marchés ont trouvé un certain réconfort dans le fait qu'un marché de l'emploi en perte de vitesse devrait être de bon augure pour la poursuite de la modération de l'inflation. Cela s'est reflété dans l'évolution des taux d'intérêt aujourd'hui, le rendement du Trésor à 10 ans repassant sous la barre des 4,3 %, après avoir commencé le mois de juillet à près de 4,5 %.

 

2. Les bourses européennes en baisse face aux incertitudes économiques et politiques

Les marchés européens ont terminé en repli vendredi, incertains de la trajectoire économique américaine alors que l'incertitude politique demeure en France. À Paris, le CAC 40 a perdu 0,26% à 7.675,62 points, tandis que le Dax allemand grignotait 0,06% et le Footsie britannique déclinait de 0,45%.

L'indice EuroStoxx 50 a terminé la séance sur une baisse de 0,26%, contre 0,26% pour le FTSEurofirst 300 et 0,22% pour le Stoxx 600. Les élections en Grande-Bretagne ont par ailleurs animé les échanges outre-Manche cette semaine, après la victoire écrasante du Parti travailliste. En France, les résultats du second tour des législatives françaises pourrait faire réagir les indices européens, le Stoxx 600 étant relativement exposé à la France.

Pour autant, les incertitudes autour de la trajectoire des politiques monétaires devraient capter l'attention des marchés la semaine prochaine. Le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, s'exprimera mardi devant le Congrès, tandis que les chiffres d'inflation CPI pour juin seront publiés jeudi.

 

3. Les bénéfices seront à l'honneur la semaine prochaine 

Alors que la semaine dernière a mis l'accent sur l'état de l'économie avec les données relatives à l'emploi, à l'activité manufacturière et aux services, la semaine prochaine tournera les regards vers ce que nous pensons être un facteur essentiel pour la suite du marché haussier : les bénéfices des entreprises. Les annonces de résultats du deuxième trimestre débuteront à la fin de la semaine prochaine avec les rapports des grandes banques telles que JP Morgan ou Citi. Dans l'ensemble, le consensus table sur une croissance des bénéfices par action de 9 à 10 % en glissement annuel pour le trimestre, un rythme favorable qui reflète à la fois une toile de fond économique solide et une bonne gestion des dépenses par les entreprises. Le secteur technologique, sans surprise, devrait enregistrer un nouveau trimestre de forte croissance à deux chiffres, mais nous pensons qu'un élément clé du trimestre (et de l'année à venir) sera la tendance de la croissance des bénéfices dans les secteurs cycliques tels que les services financiers, l'industrie et les biens de consommation discrétionnaire. Une bonne performance dans ces secteurs serait un signe positif pour les actions en général, étant donné que les récentes lectures économiques ont montré que certains signes de faiblesse pourraient se former. 

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📰 Le focus de la semaine: L'économie américaine montre des signes de ralentissement, mais l'inflation aussi

Malgré une semaine de vacances écourtée, les marchés ont assimilé une série de données économiques qui pointaient dans la même direction : l’économie américaine semble ralentir, même si elle fait suite à une période de vigueur exceptionnelle dans les années post-pandémie. Dans le même temps, l’inflation semble également sur le point de reprendre progressivement sa trajectoire de ralentissement.

 

Les deux principaux secteurs de l'économie américaine qui ont montré des signes de modération récemment sont le secteur des services et le marché du travail : l'indice ISM (Institute of Supply Management) des services est ressorti bien en deçà des attentes pour juin, à 48,8, reflétant une contraction de l'économie non manufacturière. Le nombre d'emplois non agricoles a augmenté de 206 000 en juin, contre 218 000 le mois précédent, qui avait été révisé à la baisse de 54 000. Le taux de chômage américain a également augmenté, passant de 4 % à 4,1 %, dépassant désormais l'estimation de 4 % de la Réserve fédérale pour cette année.

 

Le point positif de ce ralentissement économique est peut-être que les pressions inflationnistes pourraient également s'atténuer : les indices des prix payés de l'ISM, souvent un indicateur avancé de l'inflation des biens et services, sont ressortis inférieurs aux attentes et proches des plus bas de la période post-pandémique. En outre, les chiffres des gains salariaux du rapport sur l'emploi non agricole, également un indicateur de l'inflation des services, se sont établis à 3,9 % sur un an, en dessous des 4,1 % de mai et à leur plus bas niveau de la période post-pandémique.

 

Selon nous, si l'inflation continue de ralentir et que l'économie ralentit sans pour autant sombrer dans une récession, les marchés devraient continuer à bien se comporter. Cela implique que la Fed va probablement entamer son cycle de baisse des taux d'intérêt, même si l'économie croît à un niveau proche de la tendance. Si l'économie vacille et que la Fed doit réduire ses taux pour soutenir la croissance, les marchés ne résisteront probablement pas aussi bien, mais nous n'en voyons aucun signe. Il faut garder à l'esprit que l'économie et le marché du travail ont démarré dans une position de force démesurée qui pourrait maintenant se normaliser progressivement.

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🏠 Législatives 2024 : Quelles sont les propositions en matière de fiscalité des trois grands partis ?

À l'approche des élections législatives de 2024, les trois principaux partis politiques en France présentent des programmes fiscaux distincts, chacun avec ses priorités et ses objectifs spécifiques.

 

Le Nouveau Front Populaire propose un choc fiscal pour plus de justice sociale

 

Le Nouveau Front Populaire (NFP), une coalition regroupant La France Insoumise, le Parti Socialiste, les Écologistes, le Parti Communiste et le Nouveau Parti Anticapitaliste, met les réformes fiscales au cœur de son programme pour les législatives de 2024. 

 

Parmi les mesures phares, le NFP propose de transformer le calcul de l'impôt sur le revenu en augmentant le nombre de tranches d'imposition de cinq à quatorze. Cette modification vise à renforcer la progressivité de l'impôt et à augmenter significativement la pression fiscale sur les hauts revenus. Les salariés gagnant moins de 4 000 euros nets par mois verraient leur imposition réduite, tandis que les plus hauts revenus seraient imposés jusqu'à 65 %.

 

Pour les revenus du patrimoine, le NFP souhaite supprimer la flat tax de 30 %, soumettant ainsi ces revenus au nouveau barème de l'impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux. Une refonte de la contribution sociale généralisée (CSG) est également envisagée pour la rendre plus progressive.

 

La fiscalité des successions n'est pas en reste : le NFP prévoit de la rendre plus lourde pour les plus gros héritages, et envisage même un seuil au-delà duquel plus rien ne pourrait être transmis.

 

Le programme inclut aussi la suppression de l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) et le rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), avec un renforcement prenant en compte un volet climatique.

 

Si le NFP remporte les élections législatives de 2024, ces mesures pourraient être mises en œuvre rapidement, avec pour objectif de voter une loi de finances rectificative dès le 4 août.

 

 

Le programme fiscal du Rassemblement National souhaite exonérer les jeunes et alléger les familles

 

Le Rassemblement National (RN) propose plusieurs réformes fiscales dans son programme pour les législatives de 2024. Parmi les mesures phares, le RN souhaite transformer l'impôt sur la fortune immobilière (IFI) en impôt sur la fortune financière (IFF), excluant la résidence principale de l'assiette de cet impôt tout en conservant le barème progressif actuel. Cette réforme serait mise en œuvre progressivement, avec un calendrier à définir.

 

Concernant l'impôt sur le revenu, le RN propose d'instaurer une part fiscale entière dès le deuxième enfant, contre une demi-part actuellement. Le programme prévoit également le rétablissement de la demi-part fiscale pour les veufs et veuves.

 

Pour les jeunes, le RN envisage une exonération d'impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans, ainsi que pour les médecins et infirmières retraités reprenant du service. L'objectif est d'alléger la charge fiscale sur les jeunes travailleurs et de soutenir les professions médicales en retraite.

 

Le RN souhaite également réformer la fiscalité des donations et des successions. Il propose de ramener le délai de rappel fiscal de l’abattement de 100 000 € sur les donations de parent à enfant de 15 à 10 ans et de relever l’abattement fiscal pour les donations aux petits-enfants de 31 865 à 100 000 €. De plus, le parti veut supprimer les droits de succession pour les familles modestes et les classes moyennes, une notion nécessitant des précisions ultérieures.

 

Enfin, ces mesures visent à relancer la natalité en France et à alléger la charge fiscale des foyers, en particulier ceux des classes modestes et moyennes.

 

 

Le programme fiscal de Renaissance pour 2024 : Pas de nouvelles taxes, mais des allègements pour les familles

 

Le groupe parlementaire Renaissance, qui forme la majorité présidentielle depuis 2022, ne prévoit pas de changements majeurs en matière de fiscalité pour les prochaines années. En effet, les dirigeants de Renaissance, y compris Gabriel Attal, affirment leur volonté de maintenir une « règle d’or anti-hausse d’impôt » et excluent toute augmentation des impôts pour réduire le déficit budgétaire.

 

Concernant la fiscalité de la transmission de patrimoine, Renaissance propose d’alléger les droits de donation et de succession. Concrètement, aucun impôt ne sera appliqué sur les transmissions de patrimoine jusqu’à 150 000 € par enfant et 100 000 € par petit-enfant, une mesure qui s’appliquera également aux familles recomposées.

 

Par ailleurs, aucune réforme de l’impôt sur la fortune n’est envisagée. Rappelons qu’en 2017, sous l’administration d’Emmanuel Macron, l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) avait été remplacé par l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI), se concentrant uniquement sur le patrimoine immobilier.

 

En complément, le programme de Renaissance prévoit la suppression des frais de notaire pour l'achat de la première résidence principale, dans la limite de 250 000 €, permettant ainsi une économie potentielle de 20 000 € pour les acquéreurs.

 

Ainsi, le programme fiscal de Renaissance pour 2024 se concentre sur des mesures d’allègement fiscal pour les familles et les primo-accédants, sans envisager de nouvelles augmentations d’impôts.

 

 

À l'approche des élections législatives de 2024, les propositions fiscales des trois grands partis français offrent des visions contrastées et reflètent leurs priorités politiques distinctes. A nous, électeurs, d’évaluer ces propositions et choisir celles qui correspondent le mieux à nos attentes et à notre vision de la justice fiscale et de la gestion économique. 

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🏦 Investissement : Le non coté est désormais obligatoire dans les nouveaux PER

L'intégration des actifs alternatifs dans les Plans d'Épargne Retraite (PER) prend une nouvelle dimension. Jusqu'à présent, il était déjà possible d'investir dans des supports exposés à des entreprises non cotées. À partir de l'automne prochain, cette tendance s'accentuera significativement.

En effet, l'article 35 de la loi sur l'industrie verte, qui entrera en vigueur le 24 octobre, impose aux gestionnaires d'inclure une proportion minimale de fonds non cotés (comme les fonds de private equity ou de dette privée) dans les mandats de gestion standards des nouveaux PER. Pour les PER collectifs souscrits en entreprise, une dérogation de deux ans a été mise en place. Les versements effectués sur ces PER devront respecter cette nouvelle règle au plus tard le 30 juin 2026.

 

I. Les modalités de la gestion pilotée

Tous les PER, qu'ils soient individuels ou collectifs, devront désormais inclure des actifs non cotés dans leurs gestions pilotées dites à horizon. Ces gestions pilotées ajustent progressivement leur allocation pour réduire la volatilité à mesure que le détenteur approche de l'âge de la retraite, ce qui en fait une option privilégiée pour les épargnants.

L'arrêté publié au Journal officiel le 5 juillet précise les pourcentages minimaux de fonds d'investissement alternatifs en fonction du profil de risque du mandat et de la durée restante avant la liquidation du PER.

 

II. Proportions minimales selon les profils de gestion

Pour une gestion pilotée prudente, les fonds alternatifs doivent représenter :

  • 2 % des versements jusqu'à 10 ans avant la date de liquidation envisagée.

  • 4 % jusqu'à 15 ans avant cette date.

  • 6 % jusqu'à 20 ans avant cette date.

Pour une gestion pilotée équilibrée, les pourcentages minimaux de fonds non cotés sont de :

  • 3 % à 5 ans de la retraite.

  • 8 % jusqu'à 20 ans avant la date de liquidation.

Pour les mandats dynamiques, dépourvus de contraintes globales sur les unités de compte avant les 5 dernières années du PER, la part des versements non cotés devra atteindre :

  • 12 % plus de 20 ans avant la liquidation.

  • 10 % entre 20 et 15 ans avant la liquidation.

  • 7 % entre 15 et 10 ans avant la liquidation.

  • 5 % jusqu'à 5 ans avant la retraite.

La gestion pilotée offensive, un nouveau mandat introduit par la loi sur l'industrie verte, impose des proportions minimales de non cotés variant de 6 % à 15 % selon la durée de détention restante.

 

III. Défis et critiques

La publication de cet arrêté, bien que finalisée depuis mars, arrive tardivement pour certains acteurs, rendant difficile une mise en œuvre sereine en octobre. Guillaume Prache, président de la FAIDER, souligne les contraintes logistiques pour informer les adhérents et convoquer les assemblées générales extraordinaires en plein été. De plus, des doutes subsistent quant à la performance des investissements non cotés. Bien que présentés comme offrant un couple risque/rendement attractif, les rendements observés sur les fonds non cotés destinés aux particuliers lancés entre 2013 et 2023 se situent en moyenne à 6,2 %, inférieurs aux rendements de 13 % observés dans le capital-investissement sur une période de 10 ans.

 

 

Malgré ces réserves, Alexis Dupont, directeur général de France Invest, souligne que la performance des fonds de capital-investissement se concrétise généralement après 6 à 7 ans de vie des fonds, ce qui n'est pas encore le cas pour les fonds ouverts aux particuliers.

En termes de rendement, les fonds evergreen, bien qu'offrant une diversification et une gestion plus flexible, risquent de décevoir par rapport aux promesses de rendement des fonds fermés. Ces fonds intègrent une part d'actifs liquides pour faciliter la gestion des allocations, ce qui peut affecter la performance globale. 

 

 

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💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

  • Sanofi envisage d'investir jusqu'à 1,6 milliard de dollars en Allemagne

 

  • Atos obtient un financement à court terme par le biais d'accords de syndication Par ailleurs, Onepoint passe sous le seuil des 10% du capital du groupe.

 

  • Saudi Aramco prend 10% de Horse, la coentreprise de moteurs de Renault et Geely

 

  • Safran lance son programme de rachat d’actions pour annulation pour un montant maximum de 250 millions d'euros.

 

  • BlackRock achète le groupe de données britannique Preqin pour 3,23 milliards de dollars, selon le Financial Times. Aussi, BlackRock lance un ETF sur les actions avec une couverture à 100 % en cas de baisse.

 

  • Morgan Stanley augmente son dividende trimestriel et réapprouve le rachat d'actions pour 20 milliards de dollars.

 

  • Carrefour finalise le rachat de Cora et Match en France et relève son objectif de synergies.

 

  • Sodexo confirme ses objectifs annuels après un T3 en ligne avec ses attentes.

 

  • L'autorité de la concurrence française prépare des poursuites contre Nvidia.

 

  • Nokia et Telefonica s'associent pour poursuivre le développement du marché des réseaux 5G en Espagne.

 

  • Les ventes de Ford stagnent au deuxième trimestre aux Etats-Unis.

 

  • Booking HoldingsAirbnb : l'Espagne va réprimer les locations de vacances pour faire face à la crise du logement.

 

  • La faiblesse de la demande européenne de pièces automobiles pèse sur les résultats du T2 de Continental.

 

  • Bpifrance envisage un investissement dans l'activité santé grand public de Sanofi.

 

  • Samsung prévoit une forte hausse de son bénéfice d'exploitation T2.

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Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse

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