L'Hebdo #090 : Les grands gagnants et perdants du début d'année 2024 ainsi que nos perspectives, les prix chutent encore en Ile-de-France, stabilisation à venir à Paris
📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine
1. Des marchés fragiles
Les marchés européens ont montré des signes de nervosité cette semaine, en raison des incertitudes politiques et économiques. Ils n'ont pas profité des bonnes statistiques américaines ni de la hausse de Wall Street. À l'approche des élections législatives en France, le CAC40 a particulièrement souffert, impacté par les secteurs de l'aéronautique et du luxe. Le début de la semaine prochaine pourrait être très agité, selon les résultats du premier tour des élections. Le CAC40 et le S&P500 perdent respectivement 1,96% et -0,08% sur la semaine. Sur le marché des cryptos, c'est la troisième semaine de baisse consécutive pour le bitcoin. La devise numérique recule de près de 3% depuis lundi, et gravite désormais autour des 61 300 dollars. La chute de cette semaine s'explique, en partie, par le début du remboursement des clients lésés par le piratage de la plateforme de cryptomonnaies Mt. Gox en 2014.
2. Le pétrole continue sa hausse malgré les tensions au Moyen-Orient
Le pétrole poursuit sa tendance à la hausse. Les tensions géopolitiques persistent au Moyen-Orient, avec des craintes croissantes d'une propagation du conflit au Liban. Plusieurs pays, dont l'Allemagne, ont recommandé à leurs ressortissants de quitter la région. Ces tensions soutiennent les cours du brut, reléguant au second plan l'augmentation des stocks américains, qui ont progressé de 3,6 millions de barils à Cushing, alors qu'une baisse était attendue. Cette hausse des stocks est partiellement attribuable à la diminution des exportations américaines, tandis que l'activité des raffineries américaines se contracte, un signe préoccupant pour la demande en produits raffinés. Le Brent se négocie actuellement autour de 85,5 USD, et le WTI avoisine les 81,80 USD.
3. Les rendements obligataires en hausse
Les rendements obligataires ont augmenté, le rendement du Trésor américain à 10 ans s'établissant à environ 4,39 %. Les marchés obligataires continuent d'intégrer les attentes de deux baisses de taux de la Fed cette année après le rapport PCE, qui a montré que l'inflation ralentissait conformément aux estimations. Nous nous attendons à ce que les signes persistants de modération de l'inflation maintiennent la Fed sur la voie d'une ou deux baisses de taux plus tard cette année, ce qui serait favorable à l'économie et aux marchés en général
📰 Le dossier de la semaine : Les grands gagnants et perdants du début d'année 2024 ainsi que nos perspectives
Le premier semestre 2024 étant désormais derrière nous, voici un aperçu de quelques gagnants et perdants notables sur les marchés, et notre point de vue sur ce que ces performances signifient pour le reste de l'année.
1. Gagnant n°1 : Les actions
Le marché boursier, représenté par le S&P 500, a enregistré une hausse de 15 % à mi-parcours de cette année. C'est l'un des sept meilleurs débuts d'année depuis 35 ans, avec plus de 30 nouveaux records établis depuis janvier.
Un départ rapide en début d'année n'indique pas nécessairement que le marché a atteint son maximum. En réalité, lors des 11 années où les actions ont progressé de 10 % ou plus à la fin juin, le rendement annuel moyen a été de 29 %. Les actions sont bien parties en 2024.
Perspectives pour le second semestre : le marché bénéficie d'une base solide. Bien que nous ne prévoyions pas que les gains du premier semestre se répètent entièrement, il y a de bonnes raisons d'espérer des gains supplémentaires. Ces perspectives sont soutenues par l'assouplissement des politiques de la Fed et l'augmentation prévue des bénéfices des entreprises. Toutefois, une partie de cette croissance a déjà été reflétée dans les gains de 2024. Les investisseurs peuvent être optimistes pour le reste de l'année, mais devraient s'attendre à des gains plus modérés.
2. Gagnant n°2 : L'IA
L'enthousiasme autour de l'IA s'est maintenu avec force au premier semestre, les grandes entreprises technologiques enregistrant des gains considérables. Les "Magnificent 7" (NVIDIA, Microsoft, Apple, Google, Tesla, Meta, Amazon) ont été les leaders, avec une hausse moyenne de 39 %, malgré une baisse à deux chiffres pour Tesla. NVIDIA a été un exemple frappant de la folie de l'IA sur les marchés, avec une hausse de ses actions d'environ 150 %, devenant ainsi la plus grande capitalisation boursière au monde. Les secteurs des technologies et des services de communication ont été en tête, affichant des rendements de plus de 25 % au premier semestre. L'engouement pour l'IA se traduit par une croissance des bénéfices et une hausse des valorisations. Les grandes entreprises technologiques se négocient désormais à plus de 30 fois les estimations de bénéfices consensuels, reflétant des attentes de croissance future robustes. L'enthousiasme pour l'IA a donc alimenté la surperformance actuelle du secteur technologique.
Perspectives pour le second semestre : nous pensons que l'essor de l'IA ne risque pas de s'arrêter. L'impact de l'IA sur la croissance économique, via des gains de productivité, et sur les bénéfices des entreprises sera significatif et durable. Cependant, les marchés financiers ont déjà anticipé cet impact, ce qui a conduit à des gains importants pour les investissements dans l'IA. Bien que nous ne prévoyions pas une fin brutale de cet engouement, les valorisations des grandes entreprises technologiques sont élevées. Nous pensons que le secteur technologique peut continuer à bien performer, mais d'autres secteurs pourraient rattraper leur retard au second semestre.
3. Gagnant n°3 : Les secteurs défensifs
La forte hausse du marché et l'absence de repli significatif cette année pourraient laisser penser que les investissements risqués et à forte croissance ont été favorisés. Cependant, ce n'est pas le cas. Les secteurs défensifs comme les services aux collectivités, les biens de consommation de base et l'or ont également généré des gains importants. Depuis la mi-février, les services aux collectivités et l'or ont augmenté d'environ 15 %. Les investissements défensifs ont donc connu un rebond notable de février à mai.
Perspectives pour le second semestre : Au début de l'année, nous anticipions un changement de leadership sur le marché des actions, avec des gains s'élargissant grâce à de meilleures performances des valeurs cycliques et défensives. Nous prévoyons un ralentissement de la croissance économique au cours des prochains trimestres, les consommateurs montrant une certaine lassitude à l'égard des dépenses. Les inquiétudes concernant la stagflation (inflation élevée, absence de croissance) ne devraient pas se matérialiser en 2024, mais elles pourraient offrir un soutien supplémentaire aux valeurs défensives.
4. Perdant n°1 : La volatilité
Si vous aimez les fluctuations importantes ou les ventes massives sur les marchés, 2024 n’a pas été votre année. Et c'est une bonne nouvelle pour les investisseurs en réalité. L'indice VIX, qui mesure la volatilité du marché et est souvent appelé "indice de la peur", a récemment atteint son niveau quotidien le plus bas depuis 2019. La moyenne annuelle de l'indice VIX en 2024 est de 13,8, le niveau le plus bas depuis 2017 et la deuxième moyenne annuelle la plus basse en plus de deux décennies. Et la volatilité quotidienne moyenne est la plus faible depuis sept ans.
Perspectives pour le second semestre : Le calme actuel ne signifie pas nécessairement une chute imminente des marchés. En fait, nous avons vu des années entières (2013, 2017, 2021) où les actions n’ont jamais enregistré de repli supérieur à 6 %. Bien que cela soit possible en 2024, nous pensons que les investisseurs devraient anticiper une volatilité accrue au second semestre, en raison des inquiétudes liées aux élections, à tout signe de ralentissement économique ou à une poussée d’inflation qui pourrait retarder les baisses de taux de la Fed. Nous ne prévoyons pas de déclin inquiétant ou durable, mais il n'est pas exclu de voir le marché subir une baisse temporaire de 5 à 10 %. Dans ce contexte fondamental positif, nous recommandons de considérer tout repli de ce type comme une opportunité d’achat et de rééquilibrage.
5. Perdant n°2 : Les petites capitalisations
Les actions à petite capitalisation ont légèrement augmenté au premier semestre, mais ont sous-performé les grandes capitalisations, en raison des gains des mégacapitalisations technologiques et d'une croissance des bénéfices plus faible due à la hausse des coûts de financement et aux signes de ralentissement économique. Leur performance a été affectée par des pondérations plus élevées dans les secteurs de l'industrie et de l'énergie et une moindre exposition à la technologie et aux services de communication. Malgré cela, les petites capitalisations ont affiché un rendement respectable de plus de 11 % au cours des 12 derniers mois.
Perspectives pour le second semestre : Historiquement, après une sous-performance significative des petites capitalisations par rapport aux grandes, il y a souvent un renversement de tendance. Une reprise de la surperformance des petites capitalisations pourrait se produire, mais cela nécessitera une baisse des taux d'intérêt, un assouplissement de la politique de la Fed et une accélération de la croissance économique. Les petites capitalisations sont plus sensibles aux coûts d’emprunt, de main-d'œuvre et à la demande intérieure. L'économie montrant des signes de fatigue, une réaccélération économique pourrait prendre plus de temps que prévu, mais un début d'assouplissement de la politique monétaire serait un bon commencement.
🏠 Immobilier : Les prix chutent encore en Ile-de-France, stabilisation à venir à Paris
Les prix de l'immobilier en Île-de-France ont chuté de 8 % au premier trimestre 2024. Les Notaires du Grand Paris prévoient une stabilisation des prix des appartements dans les mois à venir, notamment à Paris.
Les prix continuent de baisser en Île-de-France malgré un marché immobilier compliqué, comme le révèle le dernier rapport des Notaires du Grand Paris publié le 27 juin. La baisse de l'activité et la dégradation de la solvabilité des ménages ont entraîné une chute de 23 % des ventes en un an. En réponse, les prix des logements ont diminué de 8,1 % entre avril 2023 et avril 2024, avec une baisse de 2,4 % au cours des trois derniers mois (2,2 % pour les appartements et 2,7 % pour les maisons). À Paris, le prix des appartements anciens devrait se stabiliser autour de 9 450 euros le m² en août, selon les Notaires du Grand Paris.
Les baisses annuelles de prix sont relativement homogènes : 7 % pour les appartements en Grande Couronne, 8,6 % pour ceux en Petite Couronne et pour les maisons en Grande Couronne. Les Hauts-de-Seine enregistrent la plus forte baisse (-8,7 %), suivis par la Seine-Saint-Denis (-8,2 %) et Paris (-7,9 %). Les prix des maisons ont le plus diminué dans les Hauts-de-Seine (-9,1 %) et le Val-de-Marne (-8,5 %).
Bien que la baisse des prix soit favorable aux acheteurs potentiels, elle ne compense pas la perte de pouvoir d'achat immobilier des ménages due aux conditions d'accès au crédit et à la hausse des taux d'intérêt. Un ménage qui pouvait emprunter 100 000 euros fin 2022 ne peut plus emprunter que 83 400 euros en mars 2024.
Les Notaires du Grand Paris estiment que les ventes devraient continuer de diminuer, mais à un rythme moins soutenu. Les prix devraient peu évoluer, avec une légère hausse possible dans certains marchés d'ici août. À Paris, le prix des appartements anciens pourrait passer de 9 440 euros en avril à 9 450 euros en août. Les maisons anciennes en Grande Couronne pourraient voir leurs prix légèrement augmenter.
💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :
Thales a développé une arme anti-drone bon marché, qui pourrait être lancée l'année prochaine, selon le FT.
ABN Amro chercherait à acquérir l'unité allemande de gestion de patrimoine de HSBC.
Apple ne lancera pas de fonctionnalités IA en Europe cette année à cause de la réglementation numérique.
KKR acquiert le groupe européen de spectacle vivant Superstruct.
UBS va vendre la majorité de sa participation dans la filiale chinoise de Credit Suisse à un fonds soutenu par Pékin.
LVMH rachète l'horloger suisse de luxe L'Epée 1839.
Sanofi aurait mis la barre à 20 Mds$ pour la valorisation de sa division médicaments sans ordonnance.
Volkswagen va investir 5 Mds$ dans Rivian pour monter une coentreprise dédiée à la prochaine génération de véhicules électriques.
KKR acquiert un portefeuille d'actifs immobiliers résidentiels de 2,1 milliards de dollars auprès de Quarterra.
Motorola et Google AI nouent un partenariat dans l'IA générative. Google qui présentera des innovations liées à l'IA et de nouveaux téléphones Pixel lors d'un événement surprise le 13 août, selon The Verge.
Argan inaugure un site près de Montpellier.
McDonald's tire un trait sur son expérience de burgers "végétaux" aux Etats-Unis.
Tesla ne devrait plus vendre davantage de véhicules électriques que tous ses concurrents cumulés aux Etats-Unis, une première en six ans.
Le directeur général de L'Oréal revoit à la baisse ses prévisions de croissance pour le marché mondial de la beauté.
Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse