L'Hebdo #080 : Retour sur la récente volatilité des marchés, attention à l'article 13 lors d'une vente immobilière

📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

1. Les tendances économiques et les attentes des marchés face aux incertitudes globales

Cette semaine, les marchés ont été influencés par les incertitudes sur les futures baisses de taux aux États-Unis et les tensions au Moyen Orient, tandis que les premiers résultats des entreprises ont reçu un accueil mitigé. Les investisseurs restent prudents, attendant plus de résultats, notamment ceux des géants technologiques américains. Les attentes concernant les taux d'intérêt se modifient également, passant d'une prévision de six à sept baisses à la possibilité d'un resserrement monétaire. Les taux des obligations d'État américaines, particulièrement ceux à 2 et 10 ans, seront surveillés de près, car une baisse pourrait stimuler les marchés et affaiblir le dollar. L'année électorale en cours et le potentiel retour de Donald Trump pourraient pousser la Fed à agir pour soutenir la croissance et la confiance des consommateurs américains. Par ailleurs, le PIB chinois du premier trimestre 2024 montre une croissance initialement forte mais une faiblesse persistante dans la production et la consommation. L'économie américaine reste robuste, malgré un léger recul dans le secteur manufacturier, tandis que l'inflation en Europe continue de baisser.

 

2. La saison des résultats est lancée

Les annonces de résultats du premier trimestre pour le S&P 500 ont commencé. Vendredi, les résultats de Netflix, Procter & Gamble et American Express ont été mis en lumière, chacun d'entre eux offrant une nouvelle lecture des tendances générales du marché. Netflix a dépassé les attentes du consensus en termes de chiffre d'affaires et de résultat, mais les prévisions semblent avoir été décevantes, ce qui, selon nous, témoigne du niveau élevé des attentes dans les secteurs de la technologie et des services de communication. Ces attentes se sont reflétées dans la surperformance significative de ces secteurs au cours de l'année dernière. Les résultats de P&G et d'Amex jettent un regard neuf sur l'état de la consommation, le premier ayant revu à la hausse ses prévisions de croissance des bénéfices sur la base de perspectives de demande solides, tout en indiquant que la hausse des prix se répercute sur les habitudes d'achat des consommateurs. Nous pensons que la croissance globale des bénéfices déterminera le rythme des performances du marché au cours de l'année 2024. Le consensus table sur une croissance des bénéfices d'environ 10 % pour le S&P 500 cette année, ce qui nous semble raisonnable mais nécessitera également une résilience économique tout au long de l'année.

 

3. Quelle perspective après le repli du marché ?

Après une hausse constante d'octobre à début avril, le marché boursier a récemment montré ses premiers signes de fatigue. L'indice S&P 500 a terminé la semaine en baisse, enregistrant sa troisième perte hebdomadaire consécutive, la première depuis plus de cinq mois. La volatilité est rarement confortable, mais il est utile de prendre du recul. Le marché boursier n'est qu'à 5 % de son plus haut historique. Pour situer le contexte, les actions ont historiquement connu deux baisses de 5 % par an, en moyenne, de sorte que cet accès de faiblesse est, à notre avis, normal. En outre, après la hausse de plus de 25 % enregistrée au cours des derniers mois, nous pensons qu'une pause est attendue, voire salutaire. Le secteur technologique, qui a été un leader incontesté du marché au cours de l'année écoulée, figure parmi les retardataires pendant ce repli, ce qui, selon nous, reflète un rééquilibrage normal au sein du marché, plutôt que de signaler quelque chose de plus structurel ou de plus inquiétant à propos des perspectives. Nous n'excluons pas la possibilité d'une volatilité supplémentaire alors que les marchés continuent d'évaluer les perspectives d'inflation et de politique de la Fed, ainsi que la situation précaire au Moyen-Orient. Mais nous pensons que les fondements de ce marché haussier restent en bon état, ce qui fait des replis temporaires, à notre avis, une opportunité d'achat convaincante. 

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📰 La question de la semaine : Quels sont les trois facteurs à l'origine de la récente volatilité des marchés ?

Après une hausse de 25 % de l'indice S&P 500 au cours des six derniers mois, le ton des marchés semble avoir changé ces dernières semaines. Le S&P 500 a clôturé en baisse pour la troisième semaine consécutive, tandis que le Nasdaq, à forte composante technologique, a baissé pour la quatrième semaine consécutive. Jusqu'à présent, l'ampleur du recul a été relativement limitée : Le S&P 500 a perdu environ 5,5 % par rapport à ses récents sommets, tandis que le Nasdaq a reculé d'environ 7 %. Toutefois, les segments du marché sensibles aux taux d'intérêt, notamment les petites capitalisations et le secteur immobilier, se sont davantage repliés. L'indice de volatilité VIX, parfois appelé "indice de la peur", a atteint ses plus hauts niveaux de l'année.
 

Selon nous, la volatilité a été déclenchée par un trio de données et de nouvelles récentes. Tout d'abord, le marché a réévalué les baisses de taux de la Fed et ne s'attend plus qu'à une seule baisse de taux en 2024, et il s'adapte à ce nouveau régime de taux d'intérêt "plus élevé pendant plus longtemps". Deuxièmement, les tensions géopolitiques se sont accrues, en particulier au Moyen-Orient, ce qui a également exercé une pression à la hausse sur les prix du pétrole et des matières premières au cours des dernières semaines. Troisièmement, la saison des résultats du premier trimestre du S&P 500 est en cours et, bien que les entreprises dépassent les prévisions, les perspectives qu'elles offrent sont moins bonnes que prévu. Les entreprises technologiques à forte capitalisation, telles que Microsoft, Google et Meta, publieront toutes leurs résultats la semaine prochaine, et les investisseurs surveilleront de près tout signe de faiblesse.
 

La volatilité du marché après une forte progression n'est pas inattendue. Bien qu'il soit notoirement difficile de déterminer le point bas d'un repli, nous savons que des corrections de l'ordre de 5 % à 15 % sont habituelles au cours d'une année donnée. À notre avis, le plus important est de savoir si un repli pourrait se transformer en un environnement de marché baissier profond ou prolongé (généralement avec des pertes de 20 % ou plus). Nous ne pensons pas que cette éventualité soit très probable, d'autant plus que l'économie américaine reste relativement robuste, soutenue par une forte demande des consommateurs et un marché du travail sain, et que la croissance économique mondiale se stabilise également. Les investisseurs pourraient donc profiter de ce repli pour se rééquilibrer et se diversifier; en particulier ceux qui n'ont pas pleinement participé à la récente hausse rapide.

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🏠 Immobilier : Impôt immobilier, attention à l'article 13

Attention au 5 de l'article 13 du Code général des impôts qui change le régime d'imposition d'une vente immobilière. Cette semaine, j'ai lu un article très intéressant dans Les Echos et il m'a paru pertinent de vous le résumer. 

 

L'article traite des complications fiscales rencontrées par un couple, Madame B et Monsieur C, après avoir vendu leur propriété à Hoenheim via leur société civile immobilière (SCI) en 2016. Initialement, cette transaction semblait simple, mais une demande de l'acheteur a compliqué les choses : il voulait acheter séparément la nue-propriété et l'usufruit du bien, des parts allant à différentes entités de son groupe. Cela a eu pour conséquence de modifier la nature fiscale de la transaction en vertu de l'article 13, paragraphe 5, du Code général des impôts (CGI).

 

Le problème est que la cession de l'usufruit temporaire est imposée comme un revenu foncier plutôt que sous le régime des plus-values immobilières, qui bénéficie d'abattements pour durée de détention. Cette classification a entraîné un lourd redressement fiscal pour le couple, augmentant considérablement leur revenu imposable.

 

Initialement, le paragraphe 5 de l'article 13 du Code général des impôts n'avait pas pour but de piéger les vendeurs honnêtes, mais plutôt de prévenir les stratégies d'optimisation fiscale qui pourraient priver l'État de recettes importantes. Adoptée dans la loi de finances rectificative de 2012, cette mesure offrait à l'administration fiscale un outil juridique pour contrer l'utilisation croissante de la cession d'usufruit temporaire comme moyen d'optimisation.

 

Cette optimisation fonctionnait en permettant à des contribuables de percevoir, en une seule transaction, les revenus futurs d'un bien, sans les impositions habituelles sur le revenu ou les contributions sociales, ou avec une imposition très allégée. Cependant, cette approche est normalement inaccessible pour ceux qui vendent simultanément l'usufruit et la nue-propriété sans liens entre les parties.

 

Leur avocat n'a rien pu faire. Il a argumenté que ses clients ayant vendu à la fois l'usufruit et la nue-propriété en une seule transaction, il n'y avait pas lieu d'appliquer le régime de l'usufruit temporaire. Mais malgré cela, la Cour n'a pas accepté cette défense, préférant s'en tenir à une interprétation littérale de la loi.

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💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

  • BNP Paribas va racheter la part de 9% détenue par le chinois Fosun dans l'assureur belge Ageas pour environ 730 M€.

 

  • La Serbie va acheter des Rafale à Dassault Aviation.

 

  • Lufthansa suspend ses vols vers Tel Aviv, Erbil et Amman. EasyJet suspend ses vols à destination et en provenance de Tel Aviv.

 

  • CVC Capital Partners compte s'introduire en Bourse à Amsterdam.

 

  • Salesforce est en pourparlers avancés pour acheter Informatica, selon le Wall Street Journal. 

 

  • Samsung prend la première place mondiale des vendeurs de smartphones à Apple au T1. 

 

  • Seb boucle un placement privé de dette de 150 M€ à 5% sur 12 ans, pour améliorer le profil de sa dette.

 

  • Ericsson a publié un bénéfice d'exploitation ajusté meilleur que prévu au T1.

 

  • Eni pourrait vendre 1,3 Md€ de participations dans ses unités de biocarburants et de bioplastiques d'ici la fin de l'année. 

 

  • Adobe explore un partenariat avec OpenAI pour ajouter des outils vidéo d'IA.

 

  • Samsung Electronics obtient 6,4 Mds$ de subventions pour la production de puces au Texas.

 

  • LVMH enregistre une croissance organique de 3% au premier trimestre. D'abord sanctionné poste-séance mardi, le titre a fini par repasser dans le vert.

 

  • Aéroports de Paris a vu son trafic progresser de 10,1% en mars.

 

  • Adidas relève sa prévision de résultat opérationnel 2024 de 500 à 700 M€.

 

  • ASML annonce un bénéfice de 1,3 milliard de dollars pour le premier trimestre, mais des entrées de commandes inférieures aux prévisions.

 

  • Danone affiche une croissance organique de 4,1% au T1 et confirme ses objectifs 2024.

 

  • Michelin met en place un "salaire décent" pour tous ses salariés dans le monde.

 

  • Micron devrait récupérer 6 Mds$ d'aides dans le cadre de la loi sur les semiconducteurs.

 

  • Taiwan Semiconductor dépasse les attentes au T1.

 

  • EssilorLuxottica publie des revenus en hausse organique de 5,5% au T1. Les prévisions de long terme sont confirmées.

 

  • L'Oréal affiche une croissance de 8,1% au T1 en données comparables, contre 6%, grâce à l'Europe.

 

  • Netflix perd 5% post-séance jeudi: le nombre d'abonnés dépasse les attentes, mais pas les prévisions.

 

  • Meta Platforms accélère dans l'intelligence artificielle générative avec le déploiement de Llama 3 sur ses plateformes.

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Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse

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