L'Hebdo #079 : Le point sur le cours des actions et la fiscalité immobilière qui se durcit

📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

1. La BCE maintient ses taux d’intérêt, une baisse envisagée pour le mois de juin

Ce jeudi 11 avril, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de maintenir son principal taux de dépôt à 4 %, un sommet atteint en septembre 2023. Toutefois, sous la présidence de Christine Lagarde, la BCE a signalé la possibilité de commencer à réduire ses principaux taux d'intérêt dès juin, potentiellement avant la Réserve fédérale américaine (Fed). Selon la BCE, une mise à jour des prévisions d'inflation qui confirmerait une convergence vers l'objectif de 2 % justifierait un assouplissement de sa politique monétaire actuellement restrictive. Christine Lagarde a précisé que les actions de la BCE ne dépendent pas des décisions de la Fed, soulignant que les contextes économiques et inflationnistes en Europe et aux États-Unis sont distincts. Alors que l'économie américaine montre une forte dynamique avec une inflation élevée, la zone euro est confrontée à un ralentissement économique où les taux élevés ont certes modéré l'inflation, mais aussi limité le financement des entreprises et des consommateurs. Lagarde a admis que certains membres du conseil des gouverneurs étaient prêts à baisser les taux dès avril, mais ont finalement convenu d'attendre davantage de données pour renforcer leur confiance, nécessaire pour de futures décisions. Lagarde a affirmé que des actions pourraient être prises avant que l'inflation n'atteigne strictement 2 %.

 

2. Turbulences sur les marchés financiers face à l'inflation et aux attentes de baisse des taux

Cette semaine, les marchés financiers ont connu de fortes perturbations, initialement dues à des chiffres de l'inflation américaine plus élevés que prévu, suivis par des attentes d'une possible réduction des taux en Europe dès juin. Les derniers jours ont été rythmés par plusieurs indicateurs macroéconomiques qui n'ont pas favorisé l'optimisme des investisseurs. Pour le troisième mois consécutif, l'inflation américaine a montré des signes de hausse, avec une augmentation du CPI Core de 0,40% sur un mois, contre une prévision de 0,30%. Sur une base annuelle, cette hausse s'élève à +3,80%, légèrement au-dessus des 3,7% attendus. Bien que ces augmentations puissent paraître modérées, l'inflation totale, incluant nourriture et énergie, a grimpé de 3,2% en février à 3,5% en mars, impactant directement le quotidien des consommateurs américains. De plus, l'augmentation du prix du pétrole, passant de 70 à 86 USD le baril en quelques mois, ne fait qu'accentuer la pression. Aussi, les récentes statistiques économiques en provenance de Chine, notamment en matière d'inflation et de balance commerciale, n'ont pas suffi à apaiser les inquiétudes concernant la dynamique économique du pays.

 

3. Tous les regards se tournent vers la saison des résultats du premier trimestre

La saison des résultats débutera vendredi, avec la publication des résultats de grandes banques comme J.P. Morgan, Citi et Wells Fargo. Les investisseurs seront attentifs à l'impact des taux d'intérêt "plus élevés pendant plus longtemps" sur les consommateurs, le marché du logement, la demande de prêts et l'activité des marchés de capitaux. Dans l'ensemble, on s'attend à ce que la croissance des bénéfices du S&P 500 s'établisse à environ 2,8 % en glissement annuel au premier trimestre, ce qui est inférieur aux 5,6 % attendus au début de l'année. La barre ayant été abaissée pour les bénéfices du premier trimestre, et la croissance économique et la consommation restant robustes, cette saison des bénéfices pourrait, selon nous, réserver des surprises à la hausse dans tous les secteurs. De manière plus générale, les prévisions continuent de tabler sur une croissance annuelle des bénéfices en 2024 d'environ 10,7 % pour la plupart des 11 secteurs du S&P 500. Selon nous, une meilleure croissance des bénéfices sera un moteur essentiel de la performance du marché en 2024, d'autant plus que les valorisations ont déjà augmenté dans plusieurs secteurs, notamment dans les méga-capitalisations technologiques.

 

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📰 Le dossier de la semaine : Cours des actions, le premier accroc après une remarquable progression 

Le marché boursier américain s'est fortement redressé depuis octobre 2023, stimulé en grande partie par les perspectives de réduction des taux de la Fed en 2024, ainsi que par l'enthousiasme alimenté par l'intelligence artificielle qui a permis la montée en flèche du secteur technologique. L'ampleur de la reprise n'a peut-être été dépassée que par sa constance, le S&P 500 ayant enregistré neuf gains hebdomadaires consécutifs et une série de nouveaux records en cours de route.

Les actions semblent avoir perdu un peu de leur élan jusqu'à présent en avril, mais la faiblesse récente est à peine perceptible par rapport aux replis habituels du marché. Nous ne serions pas surpris si les marchés utilisaient ce recalibrage des prévisions de taux de la Fed comme excuse pour se reposer, mais nous pensons que les fondements de la tendance haussière générale des actions restent intacts.

Les baisses de marché - même modestes - ne sont jamais agréables. Mais nous tenons à souligner que, tout bien considéré, les actions se comportent plutôt bien compte tenu de l'ajustement considérable des attentes en matière de réduction des taux.

 

Au cours des deux dernières années, nous avons vu le marché boursier réagir fortement à la baisse lorsque les données ou les commentaires indiquaient que la Fed devrait resserrer davantage sa politique ou la maintenir plus longtemps. Nous pensons qu'il est positif que jusqu'à présent, en 2024, les marchés aient considérablement réduit leurs attentes en matière de réduction des taux - de six au début de l'année à deux la semaine dernière - sans qu'il n'y ait eu de crise dramatique. Nous pensons que le principal moteur de cette évolution est une économie qui continue à montrer des signes de vigueur, y compris quelques poches d'accélération (industrie manufacturière, investissements des entreprises). Cela permet d'envisager une croissance des bénéfices des entreprises, même si la politique reste restrictive pendant un certain temps.

Les actions ont mieux résisté à la hausse des taux récemment qu'au cours des périodes précédentes de hausse des taux.

 

Nous ne pensons pas que le marché des actions se laissera complètement convaincre par des baisses de taux plus tardives et moins nombreuses en 2024. Comme nous l'avons indiqué au début de l'année, nous pensons que le catalyseur le plus probable d'une pause dans ce rallye et de l'émergence d'une plus grande volatilité est la possibilité d'ajustements aux décisions politiques à venir de la Fed. Jusqu'à présent, la réaction a été ordonnée, mais nous n'excluons pas la possibilité d'une faiblesse temporaire persistante alors que les marchés continuent à assimiler le nouveau contexte de la Fed.
Il ne faut pas perdre de vue la force et la régularité de la reprise des marchés boursiers. Considérons ce qui suit :
- Le S&P 500 a reculé au cours des deux dernières semaines, mais il a connu une période, de novembre à février, au cours de laquelle il a progressé pendant 14 des 15 semaines consécutives.
- Au cours des cinq derniers mois, jusqu'à la semaine dernière, le marché boursier n'avait connu que cinq jours de baisse de 1 % ou plus. Dans quatre de ces cas, le marché a progressé de 1 % le lendemain.


Malgré la faiblesse de ces derniers jours, le S&P 500 n'est qu'à 2 % de son plus haut historique, ce qui constitue le plus important repli depuis octobre de l'année dernière. Au cours de cette période, le marché boursier a enregistré un rendement de 27 %.
 

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🏠 Immobilier : La fiscalité immobilière se durcit

Le cadre législatif et gouvernemental semble s'orienter vers un renforcement des politiques fiscales dans le secteur immobilier, notamment pour les propriétaires louant en meublé et les biens détenus via des sociétés. On fait le point . 

 

1. La location meublée
Jusqu'à récemment, le statut de loueur en meublé non professionnel était prisé des investisseurs pour ses avantages fiscaux, permettant la déduction de l'amortissement du bien et un traitement favorable des plus-values à la revente. Parallèlement, le régime "micro-BIC" offrait un abattement de 50 % sur les revenus de location meublée, et même de 71 % pour les locations touristiques classées, tant que les recettes annuelles restaient en deçà de certains seuils. 
Des changements récents modifient cependant cette donne : pour les locations meublées touristiques non classées, un nouveau seuil de recette de 15 000 euros a été établi et l'abattement a été réduit à 30 %. Les meublés de tourisme classés et les chambres d’hôtes gardent néanmoins leurs avantages précédents, avec un possible abattement supplémentaire pour ceux situés en zone rurale, à condition que le total des revenus de location meublée n’excède pas 15 000 euros l'année précédente.

 

2. La valorisation des parts de sociétés immobilières et l'IFI
Concernant l'impôt sur la fortune immobilière, l'évaluation des parts de sociétés possédant des biens immobiliers était jusqu'ici basée sur la valeur nette des actifs moins le passif, sans restreindre la nature des dettes déductibles. Le changement majeur réside dans la nouvelle règle stipulant que seules les dettes liées directement à l'acquisition des biens immobiliers sont désormais déductibles. Ce critère restreint augmente potentiellement la base imposable des sociétés civiles immobilières qui ont des dettes non affectées directement à l’acquisition de biens immobiliers.

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💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

  • Shell et Saudi Aramco s'affrontent pour racheter Pavillion Energy à Temasek.

 

  • Le groupe espagnol Puig serait proche de déposer un dossier d'IPO.

 

  • Tesla renoncerait à son véhicule bas de gamme, selon Reuters. D'ailleurs, le groupe compte présenter son robotaxi début août.

 

  • Selon Microsoft, la Chine utilise l'IA pour semer la discorde, notamment aux Etats-Unis.

 

  • Le président sortant de Boeing a reçu une rémunération totale de près de 33 millions de dollars en 2023.

 

  • La Royal Bank of Canada licencie son directeur financier en raison d'une relation non divulguée.

 

  • UBS envisage d'échanger sa participation dans Credit Suisse China avec Pékin, selon Bloomberg.

 

  • BioMérieux confirme ses objectifs pour 2024 après une croissance proche de 10% au T1.

 

  • Bouygues Immobilier prévoit 225 licenciements en raison de l'affaiblissement du marché de la construction.

 

  • Airbus s'attend à une forte croissance du marché de la maintenance en Amérique du Nord.

 

  • Atos a présenté le cahier des charges de son sauvetage, qui va nécessairement diluer ses actionnaires.

 

  • Bastide remporte un contrat de 10 M€ par an pour une durée minimum de 7 ans au Royaume-Uni.

 

  • HSBC vend ses activités en Argentine à Galicia pour 550 M$.

 

  • Accenture réalise l'acquisition d'Axis en Espagne.

 

  • Bain Capital vend 429 M$ d'actions de la banque indienne Axis Bank.

 

  • Blackstone est sur le point de conclure un rachat de L'Occitane International, cotée à Hong Kong, a rapporté Bloomberg.

 

  • Orange déploie l'IA dans ses opérations via un accord élargi avec Google Cloud.

 

  • Perquisitions chez Nestlé dans les Vosges autour de décharges de bouteilles plastiques.

 

  • Apple double ses investissements en Inde à 14 Mds$.

 

  • Microsoft va investir près de 3 Mds$ dans l'IA au Japon. Par ailleurs, Microsoft et Netease relancent le jeu Warcraft en Chine, mettant fin à leur querelle.

 

  • Hyundai Motor et Kia concluent un accord pour avec Exide Energy Solutions qui les fournira en batteries depuis l'Inde.

 

  • KKR envisage de vendre ou d'introduire en bourse BMC Software, qui pourrait valoir 15 Mds$.

 

 

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Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse

 

 

 

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