L'Hebdo #070 : Record du S&P 500, baisse des taux d'emprunt et l'indicateur Super Bowl
đ Les news qui ont fait bouger les marchĂ©s cette semaine
1. Les actions atteignent un niveau record
Les principaux indices boursiers amĂ©ricains ont largement progressĂ© vendredi (Ă l'exception d'un lĂ©ger recul du Dow Jones), stimulĂ©s par des rĂ©visions encourageantes des donnĂ©es sur l'inflation. Le S&P 500 a franchi la barre des 5 000 points, les actions atteignant des sommets historiques. Si la barre des 5 000 points est plus psychologique que fondamentale, elle signifie que les actions ont encore gagnĂ© 5 % jusqu'Ă prĂ©sent en 2024. Les petites capitalisations, ainsi que les secteurs de la consommation discrĂ©tionnaire et de la technologie, ont surperformĂ© ce jour-lĂ , reflĂ©tant une tendance cyclique positive au leadership sous-jacent. Les actions mondiales ont pour la plupart progressĂ©, tout comme les prix du pĂ©trole. Le rendement des obligations du TrĂ©sor US Ă 10 ans a lĂ©gĂšrement augmentĂ© vendredi, s'ajoutant Ă la hausse notable des taux d'intĂ©rĂȘt depuis le milieu de la semaine derniĂšre, les marchĂ©s des titres Ă revenu fixe ayant repoussĂ© les prĂ©visions de rĂ©duction des taux d'intĂ©rĂȘt de la part de la Fed amĂ©ricaine. HermĂšs devient la deuxiĂšme plus grosse entreprise du Cac 40, derriĂšre LVMH, mais devant LâOrĂ©al, dont les ventes Ă fin dĂ©cembre ont déçu les boursiers.
2. La hausse des taux par la FED : pas tout de suite
Sur le front Ă©conomique, la semaine n'a pas apportĂ© de grandes nouvelles. Plusieurs membres de la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale ont confirmĂ© ce que Jerome Powell, son prĂ©sident, avait rĂ©pĂ©tĂ© la semaine derniĂšre : il faudra attendre d'ĂȘtre certain que l'inflation dĂ©cline vers l'objectif de 2 %, avant de commencer Ă abaisser les fed funds. Le marchĂ© a fini par intĂ©grer le fait qu'il n'y aurait aucun geste de dĂ©tente au mois de mars. La question se pose dĂ©sormais de savoir si une premiĂšre rĂ©duction des taux aura lieu avant l'Ă©tĂ© ou Ă l'automne. Le sujet de l'inflation reste prĂ©dominant. L'OCDE a lancĂ© un avertissement : le contournement de la mer Rouge par les navires porte-conteneurs, attaquĂ©s depuis deux mois par les rebelles houthis, soutenus par l'Iran, risque de nourrir la hausse des prix.
3. Les valeurs de croissance tirent les marchés vers le haut pour débuter 2024
AprÚs un parcours impressionnant en 2023, qui a vu l'indice de croissance Russell 1000 augmenter de plus de 40 %, les valeurs de croissance mÚnent à nouveau les marchés à la hausse au cours des premiÚres semaines de 2024. Depuis le début de l'année, l'indice de croissance Russell 1000 est en hausse d'environ 7 % par rapport à l'indice de valeur Russell 1000, qui est à peu prÚs stable. La surperformance de la croissance a été tirée par la forte performance des secteurs des technologies de l'information, des services de communication et des biens de consommation discrétionnaire, qui représentent collectivement environ 70 % de l'indice de croissance Russell 1000. L'enthousiasme suscité par le potentiel de croissance de l'intelligence artificielle (IA) a joué un rÎle important dans la hausse de ces secteurs et des valeurs de croissance. Cet enthousiasme a été soutenu par une forte croissance des bénéfices des entreprises, l'indice de croissance Russell 1000 étant en passe d'augmenter ses bénéfices d'environ 12 % d'une année sur l'autre en 2023, tandis que les prévisions pour 2024 tablent sur une croissance des bénéfices d'environ 15 %.
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đ° Le dossier de la semaine : Le S&P 500 dĂ©passe pour la premiĂšre fois les 5000 points
Cette semaine, le S&P 500 a franchi la barre des 5 000 points, un nouveau record pour l'indice considĂ©rĂ© comme la principale jauge des grandes capitalisations amĂ©ricaines. Bien que 5 000 soit un chiffre arbitraire et un simple seuil psychologique qui attire l'attention, il symbolise la force et la rĂ©sistance du marchĂ© face Ă un ajustement des taux d'intĂ©rĂȘt d'une ampleur historique.
Il y a un an à peine, les craintes d'une récession étaient au premier plan. L'économie ayant déjoué les pronostics de ralentissement et les actions ayant progressé d'environ 20 % au cours des trois derniers mois, les investisseurs s'interrogent sur la suite des événements.
Les hausses de taux de la Fed ont-elles eu un impact sur l'Ă©conomie ?
Bien qu'il soit impossible de le savoir en examinant les dĂ©penses de consommation, le cycle de hausse des taux le plus agressif de la Fed depuis 40 ans a eu un impact sur le ralentissement de l'activitĂ© Ă©conomique. Le logement et l'industrie manufacturiĂšre, deux des secteurs de l'Ă©conomie les plus sensibles aux taux d'intĂ©rĂȘt, ont Ă©tĂ© mis sous pression. L'activitĂ© dans le secteur du logement a soustrait Ă la croissance Ă©conomique pendant neuf trimestres consĂ©cutifs, mais elle est devenue lĂ©gĂšrement positive au cours du dernier trimestre. Quant Ă l'indice ISM des directeurs d'achat (PMI), qui mesure l'activitĂ© manufacturiĂšre, il est en contraction depuis 15 mois consĂ©cutifs. En outre, le stress de certaines banques rĂ©gionales et de l'immobilier commercial Ă©tait une vulnĂ©rabilitĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e aprĂšs l'ajustement brutal des taux d'intĂ©rĂȘt.
La Fed s'apprĂȘtant dĂ©sormais Ă s'orienter vers des baisses de taux, les perspectives de ces secteurs s'Ă©claircissent peu Ă peu. Le taux hypothĂ©caire moyen Ă 30 ans a baissĂ© d'environ 1,1 % par rapport Ă son niveau le plus Ă©levĂ© aux US, l'enquĂȘte NAHB sur le moral des constructeurs de logements a progressĂ© et la pĂ©nurie de logements contribue Ă stabiliser l'activitĂ©. Dans le secteur manufacturier, les commandes augmentent dĂ©sormais plus vite que les stocks, et le ratio entre les deux, qui tend Ă devancer l'indice PMI d'environ trois mois, suggĂšre une accĂ©lĂ©ration de l'activitĂ© et un retour Ă l'expansion dans les mois Ă venir.
La récession est-elle annulée ?
Il semblerait (le conditionnel est de mise) que la fenĂȘtre d'atterrissage brutal ou de rĂ©cession semble se refermer Ă mesure que la politique de la Fed devient progressivement moins restrictive. Cela ne veut pas dire qu'un atterrissage en douceur ou l'absence d'atterrissage est inĂ©vitable, mais l'Ă©conomie continue de s'Ă©loigner des scĂ©narios les plus pessimistes, selon moi. Dans la derniĂšre enquĂȘte d'opinion des agents de crĂ©dit (SLOOS) publiĂ©e la semaine derniĂšre, un pourcentage plus faible de banques a fait Ă©tat d'un resserrement des conditions de crĂ©dit, ce qui suggĂšre peut-ĂȘtre que le creux du cycle de crĂ©dit est dans le rĂ©troviseur. Alors que les dĂ©penses de consommation semblent sur le point de ralentir, d'autres secteurs de l'Ă©conomie pourraient se rĂ©accĂ©lĂ©rer au cours du second semestre de l'annĂ©e, ce qui constituerait un contrepoids.
Parmi les autres Ă©volutions encourageantes, la hausse de la productivitĂ© permet aux coĂ»ts unitaires de main-d'Ćuvre (ce que les entreprises paient Ă leurs employĂ©s pour produire une unitĂ© de production) d'augmenter moins que prĂ©vu. Ă 2,3 %, l'augmentation des coĂ»ts de main-d'Ćuvre par rapport Ă l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente suggĂšre que la Fed n'a pas besoin d'un ralentissement majeur de la crĂ©ation d'emplois et d'une augmentation du chĂŽmage pour atteindre son objectif d'inflation. En dĂ©finitive, les perspectives de croissance et d'inflation restent favorables, ce qui n'exclut Ă©videmment pas des pĂ©riodes de volatilitĂ© et de correction, frĂ©quentes aprĂšs de fortes hausses des marchĂ©s comme celle que nous avons connue au cours des trois derniers mois. Je pense que tout ralentissement Ă©conomique sera modĂ©rĂ© et que le marchĂ© haussier restera intact cette annĂ©e.
Un élargissement du leadership du marché se matérialisera-t-il ?
L'année derniÚre, un groupe restreint de valeurs technologiques à forte capitalisation a été à l'origine de la plupart des gains du S&P 500, grùce à l'enthousiasme croissant suscité par l'IA. L'une de mes attentes pour cette année est que les segments du marché qui sont restés à la traßne commencent à rattraper leur retard et que le leadership s'élargisse. Jusqu'à présent, au cours des six premiÚres semaines de l'année, ce sont certains des suspects habituels qui ont mené les gains (NVIDIA, Meta et Eli Lilly). Seuls trois des onze secteurs du S&P 500 affichent des performances supérieures à celles de l'indice (services de communication, technologie et soins de santé), tandis que les petites et moyennes capitalisations n'ont pas été en mesure de rattraper leur retard.
MĂȘme si le statu quo se maintient en ce dĂ©but d'annĂ©e, des signes encourageants indiquent que davantage d'actions commencent Ă participer Ă la reprise. Le secteur industriel, sensible Ă la croissance, et les constructeurs immobiliers, sensibles aux taux d'intĂ©rĂȘt, atteignent dĂ©sormais de nouveaux sommets, tandis que les valeurs financiĂšres ne sont que lĂ©gĂšrement Ă la traĂźne du S&P 500, malgrĂ© les inquiĂ©tudes renouvelĂ©es concernant les banques rĂ©gionales et locales. Je pense qu'une rotation des mĂ©ga-capitalisations technologiques vers des investissements cycliques et de style "value" est toujours possible en cours d'annĂ©e, en particulier si la Fed rĂ©duit ses taux pour les bonnes raisons (amĂ©lioration de l'inflation plutĂŽt que ralentissement de la croissance), comme je le prĂ©vois.
Les actions internationales : risque ou opportunité ?
Je pense que la diversification internationale a toujours du sens et recommande aux investisseurs de s'en tenir à leur allocation stratégique pour l'instant. Certains indices, comme le DAX allemand et le CAC français, atteignent de nouveaux records, tandis que le Nikkei japonais a atteint son plus haut niveau depuis 34 ans. En revanche, l'indice MSCI Chine est à 60 % de son pic de 2021, en raison de l'aggravation des problÚmes immobiliers dans le pays. Publié la semaine derniÚre, l'IPC de janvier en Chine a baissé au rythme le plus rapide depuis 2009, et l'indice des prix à la production est resté en déflation pour le 16e mois consécutif, mettant en évidence la faiblesse de la demande dans le pays.
Dans l'ensemble, les marchés d'actions internationaux sont fortement décotés par rapport aux actions américaines et offrent des rendements en dividendes plus attrayants. Ils pourraient également bénéficier d'un éventuel affaiblissement du dollar américain. Toutefois, je pense que les valorisations plus faibles sont en partie justifiées par le ralentissement de la croissance de l'économie et des bénéfices. En Europe, la croissance a stagné, le PIB oscillant autour de zéro au second semestre 2023, et les perspectives de la Chine dépendent de la volonté des décideurs politiques de fournir un soutien politique à grande échelle.
En dĂ©finitive, les actions internationales ont Ă©galement le potentiel de rattraper leur retard aprĂšs une longue pĂ©riode de sous-performance. Mais cette valeur ne pourra ĂȘtre libĂ©rĂ©e que lorsque la croissance mondiale s'accĂ©lĂ©rera Ă nouveau.
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đ Immobilier : Les taux dâemprunt vont baisser en 2024
Le dernier rapport de l'Observatoire CrĂ©dit Logement/CSA rĂ©vĂšle une diminution des taux d'intĂ©rĂȘt pour les prĂȘts immobiliers en janvier. Le taux moyen est passĂ© Ă 4,15 % contre 4,23 % en dĂ©cembre marquant ainsi la fin de deux ans de hausse continue.
Plus en dĂ©tail, les taux pour les prĂȘts sur quinze ans sont Ă 3,89 % en janvier, Ă 4 % sur vingt ans, et Ă 4,13 % sur vingt-cinq ans. Cette tendance Ă la baisse se confirme. Empruntis rapporte qu'en fĂ©vrier, le taux moyen sur vingt ans est de 4,05 %, avec la possibilitĂ© pour les meilleurs dossiers d'obtenir 3,75 %. Mais quelles perspectives pour les futurs acheteurs immobiliers pour le reste de l'annĂ©e ?
Selon François Villeroy de Galhau, directeur de la Banque de France, interrogĂ© par Ouest France jeudi dernier, les acheteurs peuvent ĂȘtre optimistes. Il estime que les taux de la Banque Centrale EuropĂ©enne (BCE) sont stables depuis septembre, ceux du livret A depuis dĂ©but 2023, et les taux longs sur les marchĂ©s financiers ont baissĂ©. Par consĂ©quent, il prĂ©dit que les taux immobiliers devraient se stabiliser puis baisser en 2024.
Cependant, François Villeroy de Galhau met en garde contre un retour aux niveaux exceptionnellement bas de 2021, qui avait provoqué une forte augmentation des prix de l'immobilier. Il envisage plutÎt une orientation vers des taux et des prix plus raisonnables. Ainsi, une diminution des taux d'emprunt combinée à une baisse des prix de l'immobilier devrait encourager les acheteurs.
Bien que les taux ne soient pas encore suffisamment bas, le directeur de la Banque de France compte sur la mise en place d'une procĂ©dure de rĂ©examen pour les mĂ©nages ayant une demande solvable mais ayant essuyĂ© un refus de prĂȘt. Les banques devront donc faire des efforts. On s'attend Ă une situation plus favorable en fin d'annĂ©e. Selon l'Observatoire CrĂ©dit Logement/CSA, le taux moyen devrait atteindre 3,25 % d'ici la fin de 2024.
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đŠ Investissement : Qu'est-ce que l'indicateur Super Bowl ?
C'est insolite, je sais. L'indicateur du Super Bowl est un baromÚtre non scientifique du marché boursier, qui suggÚre que le résultat du Super Bowl peut prédire l'orientation du marché boursier pour l'année à venir. L'idée qui sous-tend l'indicateur est qu'une victoire au Super Bowl d'une équipe de la NFL appartenant à la Conférence de football américain (AFC) prédit un déclin du marché boursier (un marché baissier) au cours de l'année à venir. En revanche, une victoire d'une équipe de la National Football Conference (NFC) annonce une hausse du marché ou un marché haussier pour l'année à venir.
Leonard Koppett, journaliste sportif au New York Times, a introduit pour la premiÚre fois l'indicateur du Super Bowl en 1978. Jusqu'à cette date, l'indicateur du Super Bowl ne s'était jamais trompé. Jusqu'en 2023, l'indicateur a été correct 41 fois sur 57, soit une précision de 72 %. Au cours des vingt derniers Super Bowl (de 2004 à 2023), il n'a toutefois été correct que six fois, soit 30 %.
Le Super Bowl LVIII aura lieu le dimanche 11 fĂ©vrier 2024 entre les Kansas City Chiefs de l'AFC et les San Francisco 49's de la NFC. L'avenir nous dira si l'indicateur rĂ©ussit Ă prĂ©dire l'orientation du marchĂ© cette annĂ©e đ.
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đž Les annonces dâentreprises Ă noter de la semaine :
UniCredit dĂ©gage un bĂ©nĂ©fice net de 2,81 Mds⏠au T4 t prĂ©voit de distribuer la totalitĂ© de son bĂ©nĂ©fice 2023, soit 8,6 MdsâŹ, Ă ses actionnaires.
UBS prévoit de relancer ses rachats d'actions, aprÚs une perte au T4, liée aux frais d'incorporation du Crédit Suisse.
Blackstone serait intéressé par un rachat de L'Occitane, selon Bloomberg.
TotalEnergies relÚve son dividende malgré des résultats inférieurs aux attentes en 2023.
Walt Disney s'allie à Fox et à Warner Bros pour lancer une plateforme de streaming dédiée au sport.
Crédit Agricole publie un bénéfice trimestriel supérieur aux prévisions et annonce une hausse du dividende.
Ipsen anticipe une baisse de sa rentabilité en 2024 en raison d'une hausse de la R&D.
Kering subit une baisse de 4% de ses ventes au T4.
Publicis prévoit une croissance des ventes de 4% à 5% en 2024 et dépasse les attentes du quatriÚme trimestre.
Vinci prévoit une croissance moins forte de ses revenus aprÚs un exercice 2023 robuste.
AstraZeneca prévoit une augmentation des recettes et des bénéfices en 2024 grùce à la résistance de la demande.
La valeur boursiÚre de Nvidia sur le point de dépasser celle d'Amazon.
S&P a abaissé la note du géant danois de l'énergie éolienne Orsted à BBB.
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Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse