L'Hebdo #051 : La value au coeur pour les années à venir, l'ISF vert et 3 actions du S&P 500 à suivre

📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine



1. Les actions perdent leur élan et terminent le mois en légère baisse 

 

Après une ouverture en hausse vendredi grâce à l'enthousiasme suscité par une meilleure estimation de l'inflation de base PCE, les actions ont fini par clôturer la journée en légère baisse. Cela s'explique par le fait que la tentative de dernière minute du président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, de maintenir le gouvernement américain ouvert n'a pas été couronnée de succès. Mais désormais, on sait que le shutdown a été évité de justesse. Le S&P 500 est en baisse d'environ 4,8 % pour le mois et d'environ 6,4 % depuis son récent sommet du 31 juillet. Le Nasdaq, à forte composante technologique, a enregistré des pertes plus importantes, reculant de 5,5 % sur le mois et de 7,5 % depuis le 31 juillet. Malgré trois séances dans le rouge, le marché parisien limite son repli hebdomadaire à 0,69%, à 7.135 points ce vendredi soir. Le CAC40 baisse de 2,22% sur le mois, pareil pour l'Eurostoxx 50 qui perd 2,52%. Les rendements obligataires sont restés stables vendredi, le rendement du Trésor américain à 10 ans s'établissant à 4,58 %, ce qui reste proche des sommets du cycle. La hausse rapide des rendements ce mois-ci, le 10 ans ayant gagné près de 0,5 % en septembre, a pesé sur les rendements des actions et des obligations. Toutefois, les rendements pourraient se diriger vers un sommet, ce qui serait bien accueilli par les investisseurs en actions et en titres à revenu fixe.

 

2. Bonne nouvelle du côté de l'inflation en zone euro

 

Dans la zone euro, l'inflation a ralenti davantage qu'anticipé en septembre. Selon les données initiales d'Eurostat, le taux d'inflation annuel dans la région est estimé à 4,3% sur le mois, contre 5,2% en août, et 4,5% de consensus. L'inflation n'avait plus été aussi 'faible' depuis près de deux ans. L'inflation annuelle 'core' ressortirait à 4,5% après 5,3% en août et contre un consensus de 4,8%. Ces données sont une bonne nouvelle pour la BCE même si la vigueur des prix reste nettement supérieure à l'objectif de l'Institution européenne.

 

3. L'économie américaine continue de bien se porter, mais elle s'affaiblit 

 

Jeudi matin, l'actualité économique a été marquée par l'estimation du PIB du deuxième trimestre et les demandes hebdomadaires d'allocations de chômage. Le PIB global a augmenté à un rythme annualisé de 2,1 %, ce qui est inchangé par rapport à la révision précédente, mais légèrement inférieur à l'estimation de 2,3 %. L'augmentation des investissements des entreprises a permis de compenser le ralentissement des dépenses. La consommation personnelle a augmenté de 0,8 %, le rythme le plus lent depuis plus d'un an, signe que les coûts d'emprunt élevés freinent lentement les dépenses. Sur une note positive, les demandes d'allocations chômage restent faibles pour l'instant, ce qui indique que la sécurité de l'emploi et les augmentations de revenus continueront à constituer un amortisseur contre le ralentissement de l'économie.



📰 Le dossier de la semaine : l'investissement de valeur «au cœur» pour les années à venir ?



Dans la bataille historique entre les styles d'investissement axés sur la croissance et sur la value (valeur), jusqu'à présent en 2023, le premier a de nouveau largement gagné. Sa rentabilité a dépassé de plus de 20 points de pourcentage celle obtenue en value sur l'année (même s'il reste encore un trimestre entier et que beaucoup de choses peuvent arriver). En 2022, c'est le contraire qui s'est produit, la value a gagné, et de nombreux investisseurs pensaient qu'il pourrait s'agir d'un changement dans le cycle à long terme après la décennie précédente dominée par la croissance, comme le montre ce graphique de M&G Investments. Mais que va-t-il se passer désormais ?

Bien sûr, personne ne le sait, mais si l’on regarde les valorisations, on constate qu’elles ont une fois de plus atteint des niveaux extrêmes dans la comparaison entre les deux styles. Plus précisément, la value serait encore moins chère que lorsque son grand rebond a commencé à la mi-2021, comme le montre le graphique suivant. 

Du côté de M&G, ils constatent des changements fondamentaux : "Alors que les moteurs de la rentabilité des actions mondiales sont restés inchangés pendant une grande partie de la dernière décennie, nous détectons aujourd'hui de multiples troubles."  C'est pourquoi ils estiment qu'une base plus large d'opportunités de génération d'alpha est en train d'être créée, contribuant ainsi à uniformiser les règles du jeu pour les investisseurs axés sur la value et leur permettant de compenser les niveaux élevés de rentabilité d'un nombre concentré d'actions de croissance à méga-capitalisation

Chez Federated Hermes, on voit également des perspectives encourageantes  : "Une forte inflation et des taux d'intérêt plus élevés que prévu ont élargi le marché des actions et rendu les actions de valeur plus attractives." Selon Geir Lode, directeur des actions mondiales de la société, « dans le contexte macroéconomique actuel, les taux d'intérêt devraient continuer à augmenter plus longtemps que prévu par les investisseurs »C'est peut-être pour cela que certains investisseurs commencent à miser beaucoup sur la value. On suivra ça de près.

🏠 Fiscalité : la question d'un « ISF vert » revient sur le devant de la scène

C'est un rapport qui ne fait pas plaisir au gouvernement, résolu à tenir sa promesse de ne pas augmenter les impôts. Le rapport sur la fiscalité du patrimoine remis par Jean-Paul Mattei et Nicolas Sansu contient plusieurs propositions sensibles parmi lesquelles l'instauration d'un impôt sur la fortune (ISF) destiné à financer à l'échelle européenne la transition écologique. Le rapport suggère aussi l'augmentation de la « flat tax » sur les revenus du capital, de 30 % à 33 %, et une refonte de la fiscalité des holdings ou des successions. Rappelons que jusqu'en 2017, l'impôt de solidarité sur la fortune (remplacé par l'impôt sur la fortune immobilière lors de l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir) concernait tous les contribuables dont le patrimoine excédait 1,3 million d'euros.

 

Cette idée d'un ISF climatique date d'un rapport de 2020 de l'ONG Greenpeace. "Avec le mouvement des 'gilets jaunes', on s'est posé la question des inégalités climatiques. L'idée, c'était de mettre sur la table des propositions de politiques publiques systémiques, provocatrices, capables de susciter de la controverse", racontait Clément Sénéchal, l'auteur du rapport. En réinstaurant l'impôt sur la fortune sous une nouvelle forme, l'ONG proposait déja de combiner fiscalité écologique et justice sociale. Greenpeace n'est pas seule à défendre la mesure. Dans son rapport de juin 2020, la Convention citoyenne pour le climat a aussi évoqué la piste du rétablissement de l'ISF, "ou sous une forme rénovée de type impôt écologique sur la fortune". 

 

Greenpeace expliquait à l'époque que chaque grande fortune française finance, par ses placements, des activités plus ou moins polluantes. Les contribuables aisés auraient donc une sorte de malus fiscal lié à l'impact carbone de leurs investissements. Pour calculer ce malus, il faudrait définir l'empreinte carbone moyenne des types de placements. Le taux de la composante carbone de ce nouvel ISF serait ensuite adossé à celui existant dans la composante carbone de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TIPCE), communément appelée taxe carbone. Depuis la crise des "gilets jaunes", ce taux est gelé à 44,6 euros/tCO2eq (équivalent en tonne de CO2). Dans son rapport, Greenpeace expliquait le dispositif en prenant l'exemple d'une grande fortune nommée Bernard, dont le patrimoine s'élève à 2,25 millions d'euros. Au barème de l'ISF version 2017, il serait redevable de 9 150 euros par an. Avec l'ISF climatique version Greenpeace, Bernard devrait verser au trésor public la somme de 17 624 euros en partant du principe que ses placements financiers ont une empreinte carbone de 190 tCO2eq (soit 8 474 euros en plus).

 

Les députés souhaitent que cet ISF vert soit supporté par les 10% les plus riches de la population. Qui sont-ils ? Au global, selon l'Insee, les 10 % les mieux dotés en patrimoine disposent d'au moins 716.300 euros d'actifs divers (633.200 euros en retirant les dettes non encore remboursées), soit 163 fois plus que les 10 % les moins dotés. Cet «ISF vert» pourrait à terme rapporter 150 milliards d’euros.

🏦 Investissement : 3 actions du S&P 500 à suivre

Compte tenu de la grande incertitude entourant la hausse des taux d’intérêt et du risque de récession, les marchés ont été beaucoup plus volatils. Cependant, si une partie de l’incertitude s’estompe, nous pourrions également assister à une reprise en fin d’année, ce qui, je le crois, pourrait se produire. Bien sûr, il est impossible de prédire avec certitude ce que l’avenir nous réserve. Cependant, en investissant dans des entreprises bien positionnées, les investisseurs peuvent se donner les meilleures chances de réussir. Pour cela, je vous partage trois actions faisant partie du S&P 500 que je regarde en ce moment.  



Visa connaît une croissance rapide et est bonne retour pour dominer le marché. Les gens ont commencé à utiliser les paiements numériques après la pandémie, ce qui a donné un coup de fouet à l’entreprise. C’est une entreprise qui continuera à prospérer, quelle que soit l’évolution de l’économie. C'est également le plus grand processeur de paiement et une société qui verse des dividendes. Au cours du dernier trimestre, la société a constaté une augmentation de 9 % du volume des paiements. Se négociant à 231$ en ce moment, l'action s'est rapproché fin septembre du sommet de 250$ sur 52 semaines. Il affiche un rendement en dividende de 0,78% et a récemment versé un dividende trimestriel de 0,45$ (Visa a la particularité de verser son dividende en 4 fois, c’est-à-dire tous les 3 mois). Rien ne peut arrêter la dynamique de Visa et elle est aujourd'hui bien en avance sur ses concurrents.

 

Nvidia est un achat et une conservation à long terme pour profiter de la supertendance structurelle de l'intelligence artificielle (IA). L'entreprise est un acteur majeur du secteur et détient une part importante dans les unités de traitement graphique. Elle fabrique des puces qui aident à développer et à exécuter des modèles d’IA. C'est pourquoi elle est devenu un acteur de premier plan dans l'industrie et constitue la première option pour les entreprises axées sur l'IA qui souhaitent disposer du bon matériel. Ses résultats financiers ont battu des records et le titre est en hausse de 204% depuis le début de l'année. Le titre se négocie aujourd'hui à 434$ et a le potentiel de monter en flèche. À chaque résultat trimestriel, l’entreprise dépasse les attentes et le titre s’envole. Pour le troisième trimestre, la société prévoit un chiffre d'affaires de plus de 16 milliards de dollars. 

 

Enfin, le géant du commerce électronique Amazon. Sa présence mondiale et sa domination du marché en ont fait une action solide à posséder. La société a récemment investi 4 milliards de dollars dans Anthropic, une société d'IA qui utilisera les puces AWS et Amazon et permettra aux professionnels techniques d'Amazon d'utiliser sa technologie. Ceci est considéré comme une décision solide dans l'industrie et c'est pour cette raison que le titre est un achat même à une valeur supérieure. Elle utilise déjà l’IA pour ses produits et services, mais avec cet investissement, elle prend une longueur d’avance. L'entreprise est sur la voie de la croissance et génère des revenus à partir de sources multiples, ce qui en fait un investissement fiable dans les moments difficiles. L'action AMZN se négocie à 127$ et est en hausse de 48% depuis le début de l'année. 

 

Ceci n'est pas un conseil en investissement. 

💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

 

  • China Evergrande serait incapable de remplir les conditions requises pour l'émission de nouvelles obligations et repousse une grosse réunion avec ses créanciers prévue lundi dernier.

 

  • Swatch Group estime être sur la bonne voie pour réaliser son objectif de 9 MdsCHF sur l'année, mais l'évolution du franc sera déterminante.

 

  • Luxshare fabriquera le casque de réalité augmentée Vision Pro d'Apple.

 

  • Booking demande aux autorités nationales antitrust de ne pas soutenir le veto de l'UE sur le rachat du suédois Etraveli pour 1,6 Md€.

 

  • Valneva remporte un contrat de 32 M$ pour le vaccin Ixiaro aux Etats-Unis.

 

  • Coty a déposé une demande de cotation à la Bourse de Paris.

 

  • Société Générale boucle un rachat d'actions de 440,5 M€.

 

  • Air France-KLM va commander 50 long-courriers Airbus

 

  • Selon un article de The Guardian, le premier ministre britannique Rishi Sunak envisage d'interdire les cigarettes à la prochaine génération. Imperial Brands en baisse. 

 

  • Ford interrompt la construction d'une usine de batteries de 3,5 Mds$ dans le Michigan, à cause de doutes sur la compétitivité du site.

 

  • Spotify dévoile une fonction de traduction vocale par IA.

 

  • Renault et Nissan mettent fin à leurs achats communs, et lancent une organisation plus autonome.

 

  • Amazon poursuivi par la Federal Trade Commission et 17 Etats américains pour des présomptions de tactiques monopolistiques.

 

  • Tesla travaille sur une technologie pour mouler les bas de caisse en une seule pièce.

 

  • Apple exclu de la liste chinoise des boutiques d'applications conformes.

 

  • HSBC va racheter les activités de gestion de patrimoine de Citigroup en Chine.

 

  • Rémy Cointreau boucle un placement obligataire de 380 ME sur 7, 10 et 12 ans avec un coupon moyen de 5,58%.

 

  • Fnac Darty finalise l'acquisition de MediaMarkt Portugal.

 

  • Nike gagne près de 8% hors séance après la publication de ses résultats.

 

  • Le bureau français de Nvidia perquisitionné par le régulateur de la concurrence.

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Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse

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