Le rapport « The Path to 2075 » de Goldman Sachs
Dans un récent rapport, « The Path to 2075 », Goldman Sachs a dévoilé ses projections de croissance mondiale de 104 pays jusqu'en 2075. Voici les projections clés et comment la banque voit le monde changer au cours des 50 prochaines années. Ceci n’est évidemment pas un conseil en investissement. Il s’agit de regarder là où nous pourrions trouver les grandes opportunités à venir.
1.Les prochaines puissances économiques
Comme en 2022, Goldman Sachs pense que la Chine, les États-Unis, l'Inde et l'Allemagne figureront toujours parmi les cinq premières économies mondiales en 2050. L'Indonésie devrait rejoindre ce top cinq, en éliminant le Japon. Toutefois, en 2075, la banque voit l'Allemagne et le Japon descendre dans ce classement, laissant ainsi la place au Nigeria dans le top cinq ! Surprenant.
L’Égypte et le Nigeria seraient-ils les futurs lions africains ? C’est en tout cas l’avis de la banque Goldman Sachs. L’organisme américain estime, dans son rapport, qu’ à moyen voire long terme, les deux États africains pourraient devenir des économies puissantes. Selon les prévisions de Goldman Sachs, dès 2050, le Nigeria et l’Égypte intégreront le top 15 des plus grandes puissances mondiales. Un quart de siècle plus tard, ils se placeraient respectivement aux 5e et 7e places du classement. Aujourd’hui, aucun des pays africains n’a réussi à intégrer le top 15. Pour le Japon, c’est la démographie qui pourrait être la cause de cette baisse : sa population actuelle de 125 millions d'habitants devrait chuter à seulement 86 millions d'ici 2075. Si le ralentissement de la croissance démographique mondiale (la population mondiale devrait atteindre un pic autour de 10 milliards d'habitants, après tout) est bénéfique pour la durabilité environnementale, une population vieillissante comme celle du Japon présente ses propres défis et opportunités.
Par contre, alors que les économies mondiales ont connu une croissance moyenne de plus de 3 % au cours des 20 dernières années, Goldman pense que nous avons dépassé le potentiel maximal de croissance mondiale. La banque s'attend à ce que les économies mondiales connaissent une croissance moyenne de 2,8 % par an de 2024 à 2029, et descendent lentement en dessous de 2 % entre cette date et 2075. Et curieusement, le rapport de Goldman prédit que la croissance des marchés émergents, principalement tirée par l'Asie, continuera de dépasser celle des marchés développés (les deux lignes pointillées du graphique ci-dessous, la ligne rouge représentant la croissance des pays développés, la bleue celle des pays émergents). De plus, la banque doute que l'économie américaine et le dollar affichent la même surperformance que nous avons connue au cours de la dernière décennie, et s'attend en fait à ce que le dollar américain se déprécie au cours des dix prochaines années.
2.Les principales opportunités : l’Inde, le vieillissement de la population et la diminution de la main-d'œuvre.
La projection selon laquelle les États-Unis resteront une puissance dominante sera une bonne nouvelle ceux qui investissent dans les actifs du pays. Mais si on veut parier sur de nouveaux thèmes porteurs pour investir, j’en identifie trois : l'essor (attendu) de l'Inde, le vieillissement de la population et la diminution de la main-d'œuvre.
Par rapport à l’Inde, Goldman s'attend à ce que les bénéfices des entreprises indiennes augmentent de 15 % l'année prochaine et en 2024. De plus, le marché boursier indien s'est très bien comporté au cours des deux dernières années. Donc, si vous êtes d'accord avec Goldman sur l’avenir du pays, des ETF sur le marché de l’Inde ou bien sur les marchés émergents en général peuvent être de bonnes idées.
Pour la population vieillissante, on peut traduire cela par une forte demande durable de soins de santé, de produits pharmaceutiques et de dispositifs médicaux. Un fonds investissant sur le thème de la santé qui comprend des sociétés impliquées dans les équipements et fournitures de soins de santé, les prestataires et services de soins de santé, la biotechnologie et les produits pharmaceutiques est selon moi un investissement qui mérite de l’attention.
Enfin, la réduction de la main-d'œuvre dans le monde augmente la demande d'automatisation car les entreprises savent qu'elles doivent trouver une solution pour faire face aux pénuries de main-d'œuvre tout en améliorant leurs opérations et en augmentant leurs bénéfices.
3.Les principaux risques : nationalisme populiste et durabilité environnementale
Le principal risque, selon Goldman Sachs, pour la projection à long terme comprend le nationalisme populiste et la catastrophe environnementale. Il note que le nationalisme populiste conduit à un protectionnisme accru et à un renversement de la mondialisation. Les nationalistes populistes ont pris du pouvoir dans plusieurs pays et les perturbations de la chaîne d'approvisionnement pendant la pandémie de Covid ont entraîné une concentration accrue sur la délocalisation et la résilience de la chaîne d'approvisionnement, selon le rapport. Au moins jusqu'à présent, cela a conduit à un ralentissement plutôt qu'à un renversement de la mondialisation. Cependant, le risque d'un renversement est clair. La mondialisation a été une force puissante dans la réduction des inégalités de revenus entre les pays mais, pour s'assurer qu'elle continue de le faire, des efforts accrus doivent être déployés pour partager ses avantages de manière plus équitable au sein des pays, a-t-il noté.
Entre-temps, le rapport rejette l'opinion selon laquelle la croissance économique et la durabilité environnementale sont incompatibles. De nombreux pays ont été en mesure de « découpler » la croissance économique des émissions de carbone, il n'y a donc aucune raison pratique pour que cela ne soit pas réalisable pour l'économie mondiale dans son ensemble. Mais parvenir à une croissance durable exige des sacrifices économiques et une réponse coordonnée à l'échelle mondiale, qui seront tous deux politiquement difficiles à réaliser. Ce risque est particulièrement pertinent pour les perspectives économiques à long terme des économies à faible revenu dont les zones géographiques sont particulièrement exposées au changement climatique.
Pour conclure, évidemment, les économistes et les stratèges ne peuvent pas prédire avec précision l'année à venir, et encore moins les 50 prochaines années. Toutefois, s'inspirer de ce rapport pour écrire nos propres perspectives économiques mondiales à long terme pourra nous aider à faire des choix d'investissement réussis.