L'Hebdo #131: Les marchés entre rebond fragile et incertitude persistante et les erreurs les plus fréquentes à éviter dans sa déclaration d'impôts

📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

1. Marchés sous tension : la volatilité atteint des sommets historiques

Cette semaine, les marchés financiers ont été le théâtre de secousses extrêmes, dignes des épisodes les plus sombres de l’histoire économique récente. L’indice VIX, qui mesure la volatilité implicite du marché américain (et sert souvent de thermomètre de la peur), a atteint un pic de 60,1 points avant de clôturer à 46,98. Un tel niveau n’a été observé que deux fois au XXIe siècle : en octobre 2008, lors de la faillite de Lehman Brothers, et en mars 2020, en pleine panique liée à la pandémie de Covid-19.

Concrètement, cela signifie que les investisseurs naviguent à vue, pris dans un climat d’angoisse généralisée. Wall Street en est le parfait reflet : le Nasdaq, par exemple, a perdu 3,6 % à l’ouverture d’une séance, est remonté de 4,5 % quelques heures plus tard, puis a rechuté de 4,9 %… pour finalement clôturer en légère hausse (+0,19 %). Un va-et-vient absurde, déclenché par une fausse rumeur relayée sur les réseaux sociaux selon laquelle Trump aurait suspendu les droits de douane. En réalité, il n’en était rien, mais la mécanique de marché était déjà lancée. Cette hypersensibilité aux moindres signaux, même erronés, montre à quel point les opérateurs sont à cran.

 

2. Guerre commerciale : entre surenchère tarifaire et volte-face stratégique

Autre fait majeur de la semaine : l’instauration, puis la suspension partielle, des surtaxes douanières entre les États-Unis et le reste du monde. Mardi, l’administration Trump a lancé officiellement les nouvelles mesures tarifaires, avec un taux record de 145 % sur certains produits chinois. Le lendemain, dans un revirement spectaculaire, Donald Trump a annoncé une trêve de 90 jours sur une partie de ces hausses… à l’exception de la Chine. Cette dernière reste seule à subir l’intégralité des nouvelles surtaxes, tandis que les négociations bilatérales avec d'autres partenaires sont relancées.

L’objectif affiché par Washington est de forcer ses partenaires à céder rapidement du terrain. Pékin, de son côté, a adopté une posture de fermeté inédite. Plutôt que de temporiser comme lors du premier mandat Trump, la Chine a riposté immédiatement avec des mesures équivalentes et renforcé son soutien aux entreprises locales pour limiter les effets du conflit commercial. L’Europe, plus mesurée, prépare également des contre-mesures tout en laissant la porte ouverte au dialogue.

Cette instabilité réglementaire constante altère profondément la confiance des investisseurs. Le bras de fer sino-américain vire à la démonstration de force, sans lisibilité économique. Les annonces contradictoires, les revirements à la dernière minute et l’absence d’un cap clair alimentent un climat délétère sur les marchés.

 

3. Le marché obligataire s’emballe 

Derrière les feux de l’actualité boursière, c’est sur le marché obligataire que se joue peut-être le vrai danger. Le rendement des obligations américaines à 10 ans est passé de 3,86 % à 4,46 % en quelques jours seulement. Sur le papier, ce chiffre semble anodin, mais c’est un mouvement colossal pour ce type d’actif réputé très stable. Il traduit une tension extrême, symptomatique d’un déséquilibre profond.

En cause : des stratégies spéculatives massives, comme le Treasury basis trade, utilisées par certains fonds pour exploiter les écarts de prix entre obligations physiques et contrats à terme. Ces stratégies reposent sur un fort levier financier. En période normale, elles peuvent être profitables. En période de stress, elles deviennent dangereuses : dès que les cours se décalent trop vite, les fonds sont obligés de vendre en urgence, ce qui aggrave la tension. C’est ce qui s’est passé cette semaine.

Conséquence directe : une montée brutale des rendements, une baisse de la demande pour les titres du Trésor américain (y compris lors des dernières émissions), et des craintes croissantes sur la solidité du système financier. Le dollar enregistre un repli significatif, tandis que l’or continue de grimper pour atteindre un niveau record à plus de 3 200 dollars l’once – preuve d’un repli massif vers les valeurs refuges. La situation oblige déjà certaines banques centrales, comme la Banque du Japon, à se réunir en urgence. Aux États-Unis, la Réserve fédérale pourrait elle aussi intervenir plus tôt que prévu. La probabilité d’une baisse de taux dès le 7 mai a bondi à plus de 60 %.

En toile de fond, cette tension obligataire pourrait déclencher un effet domino sur d’autres segments fragiles : dette privée, immobilier commercial, fonds à haut rendement… Le géant KKR, par exemple, a perdu plus d’un tiers de sa valeur depuis janvier. Les signaux d’alerte se multiplient, et les investisseurs n’ont pas fini de naviguer dans un climat d’incertitude extrême.

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📰 Le dossier de la semaine : Guerre commerciale : vers une désescalade ? Les marchés entre rebond fragile et incertitude persistante

Les marchés financiers respirent un peu après des semaines d’intenses turbulences. Alors que les États-Unis avaient annoncé le 2 avril une série de tarifs douaniers agressifs, un revirement stratégique a été opéré : un délai de 90 jours a été accordé à tous les pays concernés – à l’exception de la Chine – pour entamer des négociations. Ce geste d’apaisement a été bien accueilli par les investisseurs, provoquant un rebond spectaculaire des actions, notamment sur le S&P 500.

Mais ce répit reste fragile. Car si le ton est devenu plus conciliant, les tensions commerciales ne sont pas résolues. Que peut-on attendre dans les semaines à venir ? Quelle stratégie adopter face à une volatilité toujours extrême ? Voici les éléments clés pour mieux comprendre la situation.

 

Une pause dans l’escalade, sauf pour la Chine

Le changement de cap américain a marqué un tournant. Les tarifs “réciproques” de 10 % ne seront finalement pas appliqués immédiatement, sauf pour les importations en provenance de Chine. Pour ce pays, les droits de douane ont même été renforcés, atteignant désormais 145 %. Pékin a riposté en relevant à son tour ses propres tarifs à 125 % sur les produits américains.

En parallèle, d'autres pays ont choisi la voie de la négociation : le Japon, le Vietnam ou encore la Corée du Sud ont ouvert la porte à des discussions bilatérales. Résultat : si le risque d’une guerre commerciale généralisée semble s’éloigner, l’incertitude reste très élevée, alimentée par un flot continu d’annonces contradictoires.

 

Des marchés nerveux mais prêts à rebondir

Entre le 3 et le 8 avril, le S&P 500 a chuté de 12 %, flirtant avec les seuils d’un marché baissier. Puis, en une seule séance, il a connu l’un de ses plus forts rebonds depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette réaction témoigne d’un marché hypersensible aux décisions politiques, et d’un niveau de volatilité rarement observé.

Depuis l’annonce initiale des hausses de tarifs, l’écart moyen entre le plus haut et le plus bas d’une séance boursière a explosé : 7 % en moyenne, contre 1 % en temps normal. L’indice VIX, surnommé “indice de la peur”, a atteint un pic comparable à celui observé lors du choc du Covid en 2020.

Mais selon les données historiques, les périodes de très forte volatilité sont souvent suivies par des phases de reprise. Lorsque le VIX dépasse un certain seuil – comme ce fut le cas début avril avec un pic à 52 – les performances boursières sur les six à douze mois suivants ont généralement été positives. Cela ne signifie pas que la volatilité est une bonne chose, mais qu’elle reflète souvent un pessimisme déjà intégré dans les prix.

 

La croissance va ralentir, mais pas s'effondrer

Malgré l’assouplissement partiel des mesures, le climat reste complexe. Le relèvement des tarifs douaniers à l’égard de la Chine implique que le taux moyen de taxation sur les importations américaines pourrait encore grimper autour de 20 à 25 %, contre 2,3 % en 2024. Cela représente une pression non négligeable sur les coûts des entreprises et sur la consommation.

Un modèle de la Réserve fédérale américaine estime que ce type de mesures pourrait amputer le PIB de 2,4 % sur deux ans en l’absence de soutien budgétaire. Mais les fondamentaux économiques restent sains. Le marché de l’emploi, les bilans des entreprises et la santé financière des ménages sont solides. Il n’y a, à ce stade, ni excès ni déséquilibres majeurs comme en 2008.

La Réserve fédérale reste vigilante. En cas de ralentissement plus marqué, elle dispose encore de leviers, notamment la baisse des taux d’intérêt, pour soutenir l’activité. D’autant que l’inflation, qui inquiétait en début d’année, a montré des signes de reflux : l’indice des prix à la consommation est passé de 3,1 % à 2,8 % en mars, son plus bas niveau depuis trois ans.

 

Les valorisations redeviennent attractives

Après les secousses récentes, les valorisations des marchés actions sont revenues à des niveaux bien plus raisonnables. Les grands indices boursiers se négocient désormais sous leur moyenne historique de 10 ans en termes de ratio cours/bénéfices. Cette correction ouvre potentiellement la voie à de meilleures performances à long terme.

Certes, les incertitudes liées aux résultats des entreprises, notamment dans le secteur bancaire, pourraient encore peser. Mais dans un scénario où la récession est évitée – ce qui reste plausible – les marchés pourraient commencer à se stabiliser, puis amorcer une remontée progressive.

 

Comment agir dans un marché incertain ?

L’environnement actuel est marqué par des mouvements brusques, des annonces politiques imprévisibles, et une psychologie de marché fébrile. Dans ce contexte, une stratégie de réaction émotionnelle peut s’avérer risquée.

Voici les principes à retenir pour traverser cette période avec sérénité :

  • Diversifier ses placements pour répartir le risque.

  • Conserver une vision long terme, plutôt que de chercher à anticiper les retournements.

  • Favoriser la qualité, en sélectionnant des actifs solides et bien gérés.

  • Ne pas sous-estimer le coût de l’inaction : avec une inflation de 3 %, le pouvoir d’achat est divisé par deux en 25 ans. Investir reste le meilleur moyen de préserver son capital sur la durée.

 

Pour conclure, la suspension partielle des tarifs douaniers offre un moment de répit, mais la prudence reste de mise. Les marchés, après avoir touché des niveaux de stress extrêmes, pourraient trouver un point d’ancrage si la dynamique de négociation se confirme. La volatilité actuelle peut devenir une source d’opportunités pour les investisseurs disciplinés, capables de faire abstraction du bruit médiatique et de rester concentrés sur leurs objectifs.

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🏠 Impôts : Déclaration d'impôts 2025 : les erreurs les plus fréquentes à éviter absolument

Chaque printemps, c’est le même rituel : les contribuables français doivent remplir leur déclaration de revenus. Et chaque année, des milliers de personnes commettent les mêmes erreurs, parfois anodines, parfois lourdes de conséquences. À l'occasion du lancement de la campagne 2025, l’administration fiscale a dévoilé le palmarès des oublis et fautes les plus fréquents. S’en inspirer, c’est se donner les moyens d’éviter les pièges et d’optimiser sa fiscalité.

 

1. L’emploi à domicile : un casse-tête mal anticipé

L’erreur la plus courante concerne les contribuables qui emploient un salarié à domicile, ou qui bénéficient d’aides spécifiques pour l’autonomie ou le handicap.

Beaucoup oublient de bien déclarer les montants versés ou les aides perçues. Pourtant, cela a un impact direct sur le crédit d’impôt auquel ils peuvent prétendre.

Ce qu’il faut retenir :

  • Si le montant de l’aide (comme le tiers payant) n’est pas prérempli, il doit être déclaré en case 7DR.

  • Le total des dépenses engagées pour l’emploi à domicile doit être inscrit en case 7DB.

  • Les cases BDA à BEA (formulaire 2042 RICI pour les déclarations papier) permettent de détailler les sommes versées.

Ne pas remplir correctement ces informations peut entraîner une réduction – voire une suppression – du crédit d’impôt auquel vous avez droit.

 

2. L’oubli de rattacher un enfant devenu majeur

Quand un enfant atteint l’âge de 18 ans, il devient, par défaut, fiscalement indépendant. Beaucoup de parents oublient ce changement ou ne remplissent pas correctement les cases prévues pour demander son rattachement.

Pour que votre enfant majeur reste rattaché à votre foyer fiscal, il doit :

  • Avoir moins de 21 ans au 1er janvier 2024 ;

  • Ou avoir moins de 25 ans s’il poursuit des études ;

  • Ou être en situation de handicap, sans limite d’âge.

Dans ce cas, il faut compléter les rubriques spécifiques à la déclaration : les parties C ou D pour les personnes à charge ou le rattachement des enfants majeurs. Et surtout, ne pas oublier de mentionner ses éventuels revenus dans la rubrique "traitements, salaires, pensions".

Une mauvaise déclaration peut fausser votre quotient familial et vous faire perdre des avantages fiscaux importants.

 

3. Revenus financiers : ne pas cocher (ou décocher) la case 2OP

Autre oubli fréquent : le mauvais choix d’imposition des revenus de capitaux mobiliers (dividendes, intérêts, plus-values). Par défaut, ces revenus sont soumis à la "flat tax" : un taux unique de 30 % (12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux).

Mais pour certains contribuables, il est plus avantageux d’opter pour l’imposition au barème progressif, notamment si leur tranche marginale d’imposition est de 11 % ou moins (soit pour des revenus imposables inférieurs à environ 29 315 € en 2024).

Pour cela, il faut cocher la fameuse case 2OP. Cette option permet également de bénéficier de certains dispositifs comme :

  • L’abattement de 40 % sur les dividendes (case 2DC) ;

  • La déduction de certains frais liés à la gestion de portefeuille (case 2CA).

À noter : si vous aviez coché cette case l’année précédente, elle sera précochée cette année. Il vous revient donc de vérifier si elle reste pertinente.

 

Les autres erreurs souvent constatées

Au-delà des trois erreurs principales, l’administration fiscale pointe aussi des oublis ou des confusions récurrentes sur les déclarations suivantes :

  • Une mauvaise déclaration des revenus d’assistants maternels, journalistes ou assistants familiaux ;

  • Des revenus mal déclarés pour les gérants d’entreprise ou pour les droits d’auteur ;

  • La déduction à tort de charges non éligibles ;

  • Des revenus fonciers mal reportés, notamment en cas de location vide ou meublée ;

  • L’oubli de la case "parent isolé", qui donne droit à une demi-part supplémentaire ;

  • Une mauvaise évaluation ou déclaration de pensions alimentaires versées ou perçues.

Autant de points de vigilance à garder en tête lors du remplissage de votre déclaration.

 

Que faire en cas d’erreur après l’envoi ?

Pas de panique. Il est possible de corriger sa déclaration en ligne après validation. Le service de correction ouvre chaque été sur le site impots.gouv.fr. Il suffit de se connecter à son espace personnel et de sélectionner l’option « Corriger ma déclaration ».

Cela fonctionne aussi pour la déclaration de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI).

Autre solution : déposer une déclaration rectificative. Il vous suffit de remplir un nouveau formulaire Cerfa et d’adresser un courrier à l’administration fiscale en expliquant que cette déclaration annule et remplace la précédente. Pensez à joindre toutes les pièces justificatives utiles.

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💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

  • Apple prévoit de renforcer sa production d'iPhones en Inde pour remédier aux droits de douane, selon le WSJ.

 

  • Samsung anticipe un bénéfice supérieur aux prévisions du marché au 1er trimestre.

 

  • Stellantis a engagé McKinsey pour obtenir des conseils stratégiques sur Maserati et Alfa Romeo, suite aux récentes contre-performances de ces marques et à l'impact potentiel important des droits de douane américains.

 

  • Sanofi publie de nouvelles données confirment l'efficacité du tolebrutinib contre la sclérose en plaques.

 

  • Accor et InterGlobe signent un partenariat en Inde pour historique pour redéfinir l'hôtellerie en Inde

 

  • Le groupe Volkswagen a plus que doublé ses livraisons de voitures électriques en Europe au T1 2025, de 74 400 à plus de 150 000.

 

  • KKR s'apprête à acheter Karo Healthcare pour plus de 2,5 milliards d'euros, selon Bloomberg.

 

  • TSMC pourrait se voir infliger une amende d'au moins 1 milliard de dollars à la suite de l'enquête américaine, selon Reuters. Par ailleurs, Donald Trump a dit à TSMC qu'il paierait 100% d'impôts s'il ne construisait pas aux États-Unis

 

  • Air France réduit ses tarifs en classe économique pour favoriser les voyages transatlantiques, a indiqué son PDG à Bloomberg.

 

  • Atland s'offre Stam Europe.

 

  • Alphabet confirme son plan d’investissement de 75 milliards de dollars pour 2025.

 

  • CATL devrait obtenir le feu vert de la Bourse de Hong Kong pour une introduction en bourse de 5 milliards de dollars, selon Reuters.

 

  • Stellantis annonce que ses facturations ont diminué de 9% au T1 2025, à 1,2 million d'unités

 

  • Société Générale choisit William Connelly pour succéder à Lorenzo Bini Smaghi à sa présidence en 2026.

 

  • Colas (Bouygues) remporte un contrat pluriannuel d'entretien routier de 100 M€ au Canada.

 

  • BMW envisage d'augmenter la production de son usine américaine de 80 000 unités.

 

  • Havas affiche une croissance organique de 2,1% au T1, pas encore d'impact des droits de douane.

 

  • Google licencie des centaines d'employés dans le groupe Android et Pixel, selon The Information.

 

  • Tesla lance une nouvelle variante à long rayon d'action du Cybertruck aux Etats-Unis, au prix de 69 990 USD. Tesla qui suspend par ailleurs la prise de nouvelles commandes de Model S et Model X sur son site web chinois.

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Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse

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