L'Hebdo #086 : 3 raisons pour lesquelles la suprématie du dollar n'est pas menacée, rebond des prix de l'immobilier et le timing actuel sur le marché obligataire

📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

1. Légère hausse des actions

Les marchés boursiers ont légèrement progressé vendredi, mais ont clôturé la semaine en baisse. Les grandes capitalisations ont devancé les petites et moyennes capitalisations sur la journée de vendredi. Les performances sectorielles ont été larges, avec en tête l'énergie, l'immobilier et les services publics. Sur les marchés mondiaux, l'Asie a été mitigée et l'Europe a progressé, les investisseurs ayant évalué un nouveau taux d'inflation dans la zone euro de 2,6 % en rythme annuel, légèrement supérieur aux attentes. Les rendements obligataires ont baissé, le rendement du Trésor à 10 ans s'établissant à 4,5 %. Le dollar américain a légèrement baissé par rapport aux principales devises. Dans le domaine des matières premières, le pétrole WTI était en baisse à l'approche de la réunion de l'OPEP+ ce week-end, et l'or était également en baisse pour la journée. Le 6 juin aura lieu la décision de politique monétaire que prendra la BCE : la banque centrale devrait réduire son taux directeur d'un quart de point.

 

2. Les principales mesures de l'inflation restent stables

La mesure de l'inflation préférée de la Fed, l'indice des prix des dépenses personnelles de consommation (PCE), qui exclut les prix de l'alimentation et de l'énergie, a augmenté de 2,8 % en glissement annuel en avril, conformément aux attentes et sans changement par rapport au mois précédent. L'indice global des PCE s'est établi à 2,7 % sur les 12 derniers mois, également comme prévu et inchangé par rapport au mois précédent. Les dépenses de consommation ont augmenté de 0,2 %, ce qui est inférieur aux attentes de 0,3 % et au chiffre de 0,7 % du mois dernier, ce qui indique que les consommateurs réduisent leurs dépenses. Alors que l'indice des prix à la consommation reste supérieur à l'objectif de 2 % fixé par la Fed, nous pensons que les signes persistants de modération de l'inflation devraient permettre à la Fed d'envisager une ou deux baisses de taux plus tard dans l'année, ce qui serait favorable à l'économie et aux marchés dans leur ensemble.

 

3. La saison des résultats des entreprises touche à sa fin

Avec 98 % des entreprises du S&P 500 ayant publié leurs résultats pour le premier trimestre, les performances continuent d'être solides par rapport aux attentes. Parmi les entreprises qui ont publié leurs résultats, 80 % ont dépassé les attentes des analystes, avec une surprise moyenne de 7,8 %. La croissance des bénéfices en glissement annuel pour le premier trimestre est de 6 %, soit le taux le plus élevé depuis le premier trimestre 2022. La croissance des bénéfices devrait s'accélérer tout au long de l'année, pour atteindre 11 % sur l'année. Les performances sectorielles sont larges, huit des onze secteurs affichant une croissance des bénéfices d'une année sur l'autre. Nous pensons que l'élargissement continu de la performance des bénéfices devrait permettre aux secteurs à la traîne de rattraper leur retard et de contribuer à prolonger l'expansion économique.

 

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📰 Le dossier de la semaine : 3 raisons pour lesquelles nous ne voyons pas de menace crédible à la suprématie du dollar américain

La croissance économique américaine a démontré sa résilience malgré les hausses agressives des taux d'intérêt par la Réserve fédérale en 2023. Cette forte croissance, combinée à des taux d'intérêt élevés, a maintenu l'indice du dollar américain à un niveau élevé sur une période de 20 ans. Cependant, les économies des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) cherchent à créer une monnaie concurrente et appellent à la dé-dollarisation, en particulier dans le commerce du pétrole et des matières premières.

 

Bien que des titres annonçant la chute du dollar apparaissent régulièrement, le dollar américain continue de jouer le rôle de principale monnaie de réserve mondiale. Quelques baisses marginales dans les échanges en dollars pourraient survenir, mais une disparition totale du dollar semble peu crédible pour trois raisons principales :

 

Raison n°1 : Le dollar américain représente toujours la majorité des réserves mondiales

 

Le dollar américain domine les réserves de change, ces actifs détenus par les banques centrales mondiales en devises étrangères. Ces réserves sont souvent utilisées pour les paiements commerciaux ou pour soutenir une monnaie en cas de besoin. Le pourcentage des réserves détenues en dollars a diminué au cours des dernières décennies, car l'économie américaine représente une part moindre de l'activité mondiale. Cependant, le dollar reste la monnaie la plus détenue, représentant près de 60 % des réserves mondiales. L'euro, deuxième plus grande monnaie en termes de réserves, en constitue environ 20 %. Les autres devises, comme le renminbi chinois, ne représentent qu'une petite fraction des réserves mondiales (2,4 % en 2023).

 

Raison n°2 : Le commerce mondial, y compris le commerce du pétrole, est largement effectué en dollars

 

Selon la Réserve fédérale, entre 1999 et 2019, le dollar représentait 96 % des échanges en Amérique du Nord, 74 % dans la région Asie-Pacifique et 79 % dans le reste du monde. La seule région où le dollar ne dominait pas était l'Europe, où l'euro était préféré. De plus, le commerce mondial du pétrole, qui représente environ 6 % du commerce total, est encore largement effectué en dollars.

 

Raison n°3 : Le dollar américain est soutenu par des marchés financiers profonds, liquides et réglementés

 

La force et la stabilité de l'économie américaine, ainsi que la profondeur et la liquidité des marchés financiers américains, expliquent en grande partie la domination du dollar. Les États-Unis possèdent les plus grands marchés obligataires et boursiers au monde, qui sont hautement réglementés et offrent aux emprunteurs et aux prêteurs un large éventail de contreparties. Il n'existe actuellement pas d'alternatives réalistes pour remplacer le dollar. L'euro a fait face à des risques politiques dans le passé, et le renminbi est soumis à des restrictions significatives de la part du gouvernement chinois.

 

Malgré les titres alarmants, nous ne voyons aucune menace crédible à la position dominante du dollar. Sa valeur peut fluctuer en fonction de divers facteurs comme la politique des taux d'intérêt des banques centrales, l'inflation et la croissance économique, mais cela fait partie de la volatilité normale des marchés financiers. Lors des périodes de turbulence, comme la pandémie ou les récentes préoccupations inflationnistes, les investisseurs se tournent vers le dollar comme valeur refuge, témoignant de la confiance continue en sa stabilité.

 

Quelles actions nous recommandons pour les investisseurs

 

Nous ne recommandons pas de modifications de portefeuille basées sur des craintes autour du dollar. Cependant, nous conseillons aux investisseurs de diversifier leurs portefeuilles avec des expositions aux marchés et devises internationaux. Cela inclut les actions et obligations internationales, ainsi que les secteurs avec une exposition mondiale tels que l'industrie et les matériaux. Cette diversification pourrait bénéficier de toute faiblesse du dollar.

Historiquement, les actions internationales tendent à bien performer lorsque le dollar est plus faible par rapport aux autres devises. En revanche, les investissements américains surperforment généralement lorsque le dollar est fort. Une allocation internationale appropriée est donc susceptible de bénéficier d'un éventuel affaiblissement du dollar. En 2022 et 2023, la Fed a relevé les taux d'intérêt plus tôt et de manière plus agressive que la plupart des autres banques centrales, exerçant une pression à la hausse sur le dollar. Mais avec la modération de l'inflation aux États-Unis, la Fed a suspendu les hausses de taux et pourrait envisager des baisses plus tard en 2024, ce qui pourrait exercer une pression à la baisse sur le dollar.

En 2023, les actions internationales (mesurées par le MSCI World Ex USA) ont augmenté de plus de 15 %, tout en étant encore largement sous-évaluées par rapport aux actions américaines. Cela suggère que les indices mondiaux ont encore de la marge pour bien performer, et un éventuel adoucissement du dollar pourrait soutenir cette tendance. Nous vous recommandons de travailler avec votre conseiller financier pour assurer une diversification adéquate de votre portefeuille selon vos objectifs financiers et votre tolérance au risque.

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🏠 Immobilier : Rebond inattendu des prix de l'immobilier 

Les premières indications de hausse observées en avril se sont confirmées en mai, d'après l'indice SeLoger-Meilleurs Agents publié le 1er juin. Cette tendance marque-t-elle une reprise durable du marché immobilier ou simplement une fluctuation temporaire ?

 

Yann Jéhanno, président de Laforêt, note une hausse de 5 % du nombre de visiteurs dans les agences immobilières par rapport à l'année précédente. Cette augmentation, bien que modeste, signale un regain d'intérêt des acheteurs potentiels.

 

Après une période de stabilité, le prix moyen du mètre carré en France a augmenté de 0,2 % en mai, atteignant 3 059 euros. Cette hausse, la première depuis janvier 2023, contraste avec les mois précédents marqués par la stagnation des prix.

 

Barbara Castillo Rico, directrice des études économiques de SeLoger, souligne une dynamique positive en mai, bien que la reprise ne soit pas encore forte. La hausse mensuelle des prix dans les grandes villes françaises s'élève à 0,2 %, tandis que dans les zones rurales, l'augmentation est plus marquée à 0,9 %.

 

Certaines villes, comme Bordeaux et Toulouse, qui avaient connu des baisses importantes, voient désormais leurs prix remonter. À Bordeaux, les prix ont augmenté de 0,5 % en mai après une chute de 5,9 % sur un an. À Paris, les prix se sont stabilisés après une baisse de plus de 8 % en un an.

 

La récente baisse des taux d'intérêt a également favorisé ce rebond. Le taux moyen des crédits immobiliers est passé de 4,21 % en décembre à 3,81 % en avril, augmentant ainsi la capacité d'emprunt des ménages.

Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si ce rebond est durable. Les notaires du Grand Paris restent prudents, soulignant la nécessité pour les ménages de retrouver leur solvabilité pour une véritable fluidité du marché.

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🏦 Investissement : Est-ce toujours le moment d'investir en obligations ? 

Avec la hausse des rendements, de nombreux épargnants se tournent vers les obligations. Alors que la Banque centrale européenne (BCE) s'apprête à assouplir sa politique monétaire, est-ce encore une bonne période pour investir ?  

 

Oui, pour profiter des rendements actuels

Les taux d'intérêt actuels, supérieurs à l'inflation, offrent une opportunité intéressante pour les investisseurs obligataires. La baisse imminente des taux devrait également faire grimper les prix des obligations, permettant ainsi de combiner rendements attractifs et revalorisation des titres.

Samy Chaar, chef économiste chez Lombard Odier, recommande de ne pas attendre davantage pour investir, malgré une période de rendement particulièrement favorable déjà passée. Il souligne qu'il est toujours possible de rééquilibrer son portefeuille en intégrant à la fois des obligations et des actions.

 

Oui, pour diversifier son portefeuille

Romane Ballin, gérante obligataire chez Auris Gestion, conseille une approche diversifiée. Les investisseurs à profil défensif peuvent se tourner vers des titres de qualité « investment grade » avec une durée plus longue pour maximiser les rendements. Catherine Huguel, directrice générale d'Hugau Gestion, recommande également d'allonger la durée des obligations à quatre ou six ans pour profiter des taux actuels sans attendre les décisions des banques centrales.

 

Évaluation des risques

Les rendements des obligations restent supérieurs à l'inflation, mais inférieurs à ceux des actions. Morningstar prévoit des rendements de 2,76 % pour les fonds d'État en euros, 3,56 % pour les obligations corporate, et 4,98 % pour le « high yield ».

Les fonds datés, ou « à échéance », permettent de sécuriser les rendements actuels en investissant dans un panier d'obligations dont la maturité est proche de celle du fonds. Cette stratégie est particulièrement intéressante avant une baisse significative des taux. Selon Morningstar, 122 nouveaux fonds datés ont été créés depuis le début de l'année, dont 12 ETF obligataires.

Les frais de gestion des ETF datés sont généralement plus faibles que ceux des fonds classiques, offrant un avantage supplémentaire. Cependant, l'absence de recul sur ces nouveaux produits appelle à la prudence.

 

L'investissement en obligations reste attractif grâce aux rendements élevés et à la perspective de valorisation avec la baisse des taux. Il est conseillé de diversifier son portefeuille et de considérer des fonds datés pour sécuriser les rendements actuels. 

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💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

  • Renault sur le point de s'allier avec Banco Santander dans le leasing automobile, selon Les Echos.

 

  • Alstom lance une augmentation de capital avec maintien du droit préférentiel de souscription d’un montant d’environ 1 Md€.

 

  • Julius Bär serait intéressé par son compatriote EFG International, selon Bloomberg.

 

  • Le fabricant de baskets Golden Goose lancerait bientôt son introduction en bourse à Milan.

 

  • Les Etats-Unis devraient lever l'interdiction de vendre des armes offensives à l'Arabie saoudite, selon le FT.

 

  • Vinci obtient le renouvellement du contrat d'entretien des routes au Royaume-Uni, pour 230 M€ sur 8 ans.

 

  • La reprise de La Poste Mobile par Bouygues Telecom prend du retard à cause de divergences entre SFR et La Poste.

 

  • Pernod Ricard et EcoSPIRITS s'associent pour la distribution mondiale de spiritueux.

 

  • Volkswagen veut développer des véhicules électriques d'entrée de gamme à environ 20 000 EUR.

 

  • Vinci décroche un contrat de 94 millions d'euros au Cambodge.

 

  • Teleperformance s'associe à Kore.ai dans les solutions IA pour la relation client.

 

  • KKR obtient le feu vert de l'UE pour l'acquisition du réseau de téléphonie fixe de Telecom Italia.

 

  • Hertz à la recherche de financements, selon Bloomberg.

 

  • L'Arabie saoudite vend plus de 10 milliards de dollars d'actions Aramco.

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Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse

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