L'Hebdo #062 : Réinvestir dans les services publics, Malraux ou Girardin et les perspectives pour les obligations en 2024

📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine

 

1. Les actions terminent une semaine solide

 

Les places financières ont enregistré des records en cascade cette semaine, suite au statu quo des banques centrales, au nouveau reflux de l'inflation américaine et aux propos de Jerome Powell qui a ouvert la porte à des baisses des taux l'année prochaine. L'appétit pour le risque reste donc intact. Les actions américaines ont peu varié vendredi, clôturant une solide progression hebdomadaire et portant à sept le nombre de victoires hebdomadaires du S&P 500. Les petites capitalisations se sont particulièrement distinguées, avec une hausse de plus de 5 % sur la semaine et d'environ 11 % jusqu'à présent en décembre. Les performances sectorielles reflètent aujourd'hui un ton équilibré, avec un leadership mitigé parmi les industries cycliques et défensives. Les taux d'intérêt ont peu varié au cours de la journée, mais ont connu une baisse cette semaine qui a poussé le rendement à 10 ans à 3,9 %, son niveau le plus bas depuis juillet. Le CAC40 a atteint son record en ayant atteint 7.582,11 points, battant son précédent record daté du 24 avril dernier. 

 

2. La Fed, la Banque d'Angleterre et la Banque centrale européenne restent en attente

 

Mercredi, la Réserve fédérale a maintenu son taux de référence pour les fonds fédéraux à 5,25 % - 5,5 %, le président de la Fed, Jerome Powell, notant que l'inflation aux États-Unis s'est modérée, même si le marché du travail reste résilient. La dernière série de projections économiques de la Fed a également indiqué une croissance économique et une inflation légèrement plus faibles en 2024 que ce qu'elle avait prévu en septembre. Plus important encore, les projections de la Fed indiquent maintenant trois réductions potentielles des taux l'année prochaine, contre seulement deux dans les perspectives de septembre. Toutefois, les marchés ont largement devancé la Fed et prévoient jusqu'à six baisses de taux l'année prochaine. Selon moi, la Fed devrait procéder à trois ou quatre baisses, peut-être à partir de la mi-2024. Par ailleurs, la Banque d'Angleterre et la Banque centrale européenne (BCE) ont également maintenu leurs taux d'intérêt de référence jeudi. Bien que les banques centrales aient indiqué qu'il était trop tôt pour envisager des baisses de taux, les économies du Royaume-Uni et de la zone euro se sont affaiblies et les marchés s'attendent à des baisses de taux de plus de 1,0 % en 2024, en partie pour soutenir le ralentissement de la croissance économique.

 

3. Les rapports sur l'industrie manufacturière brossent un tableau mitigé

 

Les marchés se sont montrés enthousiastes quant aux perspectives d'un atterrissage en douceur de l'économie. Je ne pense pas que cela soit une erreur, mais je pense que l'économie connaîtra des hauts et des bas au fur et à mesure que nous avançons. Les dernières données sur l'industrie manufacturière montrent que l'activité a nettement rebondi par rapport à la faiblesse de l'année dernière, mais cela ne signifie pas pour autant que l'économie fonctionne à plein régime. En novembre, la production industrielle n'a pas atteint les estimations consensuelles, mais elle a augmenté par rapport au mois précédent. Après une baisse en octobre, la production manufacturière a augmenté le mois dernier, progressant pour le quatrième mois sur les cinq derniers, après une série de baisses au cours de l'été. Cette évolution est généralement conforme à l'opinion selon laquelle nous connaissons une forme de "récession mobile", dans laquelle les composantes de l'économie se contractent et se redressent de manière désynchronisée. 

 

📰 Est-il temps pour les investisseurs de réinvestir dans les services publics ?

 

Bien que le secteur des services publics ait connu certaines de ses pires années de sous-performance dans un contexte de hausse des taux et d'étroitesse du marché, cela pourrait ouvrir la voie à de plus grandes opportunités dans les années à venir. En effet, le secteur mondial des services publics se négocie actuellement à l'un des multiples les plus bas observés depuis de nombreuses années. Les services publics ne sont pas les seuls à afficher des prix plus raisonnables. Après les mouvements de l'inflation et des taux d'intérêt de l'année dernière, il existe de nombreux cas où les actifs réels (matières premières, immobilier, infrastructures et services publics) sont actuellement disponibles à des valorisations peu exigeantes. 

 

Étant donné qu'il est peu probable que les taux bas de la dernière décennie reviennent, que l'inflation pourrait s'avérer plus tenace que prévu et que les perspectives de récession augmentent, les investisseurs pourraient être amenés à rechercher des placements offrant des rendements stables et croissants, une volatilité des bénéfices plus faible et une corrélation plus faible avec le marché dans son ensemble.

L'univers des actifs réels, largement capitalistique, a souffert d'un manque de financement des réinvestissements au cours de la dernière décennie, ce qui a permis aux fournisseurs en place d'accroître leur pouvoir de fixation des prix et a créé de nouvelles opportunités d'investissement dans des installations nouvelles ou existantes. 

Les entreprises de services publics ont toujours eu tendance à surperformer en période de baisse de l'inflation et des taux d'intérêt. Le potentiel de bénéfices élevés, de bilans solides et de dividendes stables pourrait inciter les investisseurs à renouer avec ce secteur. 

 

Bien qu'on l'oublie souvent, les actifs réels constituent également l'épine dorsale de la plupart des développements thématiques qui dominent le cycle actuel de l'information. Dans les années à venir, les actifs réels joueront un rôle déterminant dans la tarification et la rareté de l'énergie, la dépendance des véhicules électriques à l'égard des matières premières métalliques telles que le lithium et le nickel, la nécessité de générer et de créer un réseau stable pour les énergies renouvelables, la révolution de l'IA, qui entraînerait des besoins en énergie et des centres de données uniques, et le défi permanent de la durabilité alimentaire. En bref, une allocation aux actifs réels gérée activement pourrait s'avérer essentielle à la performance des investissements au cours du prochain cycle, en permettant aux investisseurs de participer aux tendances émergentes et de protéger leurs portefeuilles contre les risques économiques à court terme. 

 

🏠 Immobilier : Malraux ou Girardin pour investir dans l'immobilier et faire baisser vos impôts ? 

 

Plusieurs options d'investissement offrent l'avantage de diminuer l'impôt sur le revenu, une méthode connue sous le nom de défiscalisation par déduction d'investissement. Cette approche implique la création d'une dépense financière déductible des revenus imposables. En particulier, l'investissement dans l'immobilier offre de telles opportunités. Cette orientation est le résultat d'une décision législative visant à encourager l'investissement locatif, les projets en Outre-mer, ou la rénovation de bâtiments anciens.

Voici deux stratégies d'investissement immobilier qui offrent la possibilité de bénéficier d'avantages fiscaux : 

 

1. Dispositif Girardin : une défiscalisation dans l'immobilier pour stimuler le développement des territoires d'Outre-mer


Le dispositif Girardin est destiné à encourager les investissements en Outre-mer. Il se divise en Girardin social pour le financement de logements sociaux dans les départements et territoires d'Outre-mer, Girardin industriel pour les projets industriels ultramarins, et Girardin agricole pour l'investissement dans le secteur agricole des DOM-TOM.

 

Il est important de noter que cette opération est de nature « one shot », c'est-à-dire qu'elle implique un investissement unique sans attente de profits futurs. L'attrait principal de cet investissement repose sur l'avantage fiscal. La réduction d'impôt obtenue est en effet plus importante que le montant investi. Avec un taux d'apport d'environ 90 %, cela signifie qu'un investissement de 90 euros peut générer une réduction d'impôt de 100 euros, soit un avantage fiscal de 11,11 %.

 

Cependant, cet engagement doit être maintenu pendant plus de 5 ans. De plus, si l'opération présente des irrégularités, l'avantage fiscal pourrait être remis en question. Il est donc essentiel de choisir des projets offrant les meilleures garanties.

 

La réalisation d'un investissement en Girardin est assez complexe et le choix du projet est décisif. Il peut donc être judicieux de consulter un conseiller en gestion de patrimoine pour obtenir un accompagnement adapté.

À noter également que le dispositif Girardin bénéficie d'un plafond de niches fiscales élevé, pouvant atteindre 18 000€.

 

 

2. Loi Malraux : une mesure de défiscalisation pour la préservation du patrimoine architectural ancien


La loi Malraux a pour objectif de promouvoir la restauration des bâtiments historiques. Elle s'applique aux dépenses effectuées pour des bâtiments classés monuments historiques, reconnus par la Fondation du patrimoine, ou situés dans des zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager.

 

Cette loi offre une réduction d'impôt sur le revenu de 22 % des dépenses engagées pour des travaux dans des zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager. Cette réduction peut même atteindre 30 % pour les projets situés dans le cadre d'un plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) ou pour les immeubles localisés dans des secteurs anciens dégradés définis par la loi du 25 mars 2009 ou dans des quartiers du nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU). Le montant maximal de cette réduction d'impôt est plafonné à 30 000 euros sur une période de 4 ans.

 

En contrepartie, les propriétaires doivent s'engager à louer le bien non meublé pour une durée minimale de 9 ans. Depuis 2013, ce dispositif fiscal est exclu du plafonnement global des niches fiscales."

🏦 Investissement : Quelles perspectives pour les obligations en 2024 ? 

 

La fin de l'époque des faibles rendements, voire nuls, a longtemps représenté un défi majeur dans le secteur des obligations. L'aspect positif de cette augmentation des rendements est qu'il devient mathématiquement plus difficile de réaliser des performances négatives dans les obligations, et bien plus aisé d'obtenir des résultats positifs. Pour l'année 2024, les principes mathématiques pourraient fournir des indications précieuses concernant les perspectives futures du marché obligataire. Explications. 

 

Évaluation des performances : le déséquilibre entre rendement et risque 

 

La relation entre le prix des obligations et leur rendement est inverse. Ainsi, quand les rendements diminuent, la valeur des obligations s'accroît, et l'inverse est également vrai. Avec une hausse considérable des rendements observée ces trois dernières années, et des signes indiquant qu'ils pourraient avoir atteint leur apogée, les prévisions pour les obligations en 2024 sont de plus en plus optimistes.

 

Perspective de rendement : des taux d'intérêt au sommet ouvrent la voie à des résultats positifs probables

 

Les actions des banques centrales dans la lutte contre l'inflation semblent efficaces. Malgré les risques spécifiques tels qu'une crise géopolitique ou des événements climatiques, la tendance de l'inflation semble être à la baisse. En mettant de côté l'élément persistant des loyers dans l'indice des prix à la consommation (IPC), l'inflation aux États-Unis se situe près de 2 %. Les tensions sur les salaires s'atténuent et les marchés des contrats à terme anticipent que la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque Centrale Europenne semblent avoir terminé leurs cycles de hausse des taux d'intérêt. Bien que les performances historiques ne soient pas toujours prédictives, il a été historiquement observé que les titres d'État performaient généralement bien après la dernière hausse des taux.

 

Deux aspects sont particulièrement problématiques 

 

D'abord, les effets prennent du temps à se manifester; ensuite, leur durée varie considérablement. La situation exceptionnelle engendrée par la pandémie rend ce cycle économique unique, avec une politique monétaire ayant suivi un parcours hors norme.

Les marchés ont accueilli favorablement les récentes données sur l'inflation et l'emploi, en déduisant rapidement que la période de hausse des taux était révolue et qu'une reprise modérée était à venir, caractérisée par une croissance faible mais positive et une inflation maîtrisée. Toutefois, cette perspective est la partie la plus délicate. Historiquement, les espoirs d'une reprise modérée ont souvent précédé les récessions. Sur les six dernières récessions, cinq ont été précédées par de telles prévisions (à l'exception de celle liée au Covid-19). Ces attentes se sont fréquemment soldées par des déceptions. Bien que la possibilité d'une reprise modérée soit plus élevée, elle semble surévaluée. Les indicateurs avancés sont faibles, la liquidité est limitée et les taux réels sont restrictifs, rendant un atterrissage difficile plus probable. Il est certain que les marchés seront confrontés à des inquiétudes concernant la croissance économique dans l'année à venir. 

 

 

Selon moi, l'année 2024 marquera un tournant essentiel. Il est important pour les investisseurs de se concentrer sur la désinflation - la diminution du taux d'inflation - car il y a une distinction fondamentale entre la désinflation causée par une baisse de la demande (récession) et celle résultant d'une amélioration de l'offre (augmentation de la productivité, réduction des coûts de commerce et allègement des contraintes logistiques). La Chine jouera un rôle clé dans l'économie mondiale, soit comme un avantage majeur, soit comme un frein, en fonction de sa stratégie de relance économique. Par ailleurs, le ralentissement économique en Europe pourrait influencer significativement les orientations politiques. On s'attend à ce que les débats se concentrent à nouveau sur les dépenses fiscales excessives et à une certaine instabilité, surtout à l'approche des élections dans plusieurs grandes économies. Les risques ne sont pas éliminés, mais il semble être le moment de reconsidérer les stratégies. Les marchés obligataires retrouvent leur position de départ. Avec la hausse des rendements, ils reprennent leur rôle traditionnel, offrant à la fois un revenu intéressant et une diversification par rapport aux actifs plus volatils.

 

 

💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :

 

  • LVMH cède le contrôle de Cruise Line Holdings à des investisseurs privés.

 

  • Microsoft a précisé dans un communiqué diffusé vendredi soir ne pas "posséder" de parts d’OpenAI mais a seulement le droit à une part des bénéfices générés.

 

  • Nvidia veut établir une base de semi-conducteurs au Vietnam.

 

  • Chez Apple, le patron du design de l’iPhone et de l’Apple Watch va quitter le groupe, qui fait sa mue.

 

  • Nokia revoit à la baisse son objectif de marge bénéficiaire pour 2026.

 

  • Boeing prévoit des coupes plus importantes qu'attendu dans son personnel en charge de la stratégie, selon Reuters.

 

  • Google perd son procès contre Epic Games sur son magasin d'applications.

 

  • Hasbro s'apprêterait à supprimer 1100 emplois, selon le WSJ

 

  • KKR négocie le rachat de 50% de Cotiviti à Veritas Capital.

 

  • Carrefour a été durement affecté hier par l'annonce de la dévaluation du peso argentin. Le pays pèse 4% des revenus annuels du distributeur.

 

  • Vivendi envisage une scission en trois entités cotées en bourse : Havas, Canal+ et une société d'investissement comprenant Lagardère.

 

  • Brunello Cucinelli estime que la croissance de son chiffre d'affaires en 2023 sera supérieure à 20%.

 

  • Farfetch en pourparlers avec Apollo Global pour un accord de sauvetage, selon Sky News.

 

  • UBS fait la chasse aux centaines de millions de primes en espèces versées par le Crédit Suisse à ses traders pour les convaincre de ne pas quitter le navire avant la chute.

 

  • Apple doit faire face à une ordonnance antitrust de l'UE sur les règles de l'App Store.

 

  • Berkshire Hathaway achète 589 M$ d'actions d'Occidental Petroleum

 

  • JCDecaux a signé un accord relatif à la fusion de ses activités en Slovaquie avec Akzent Bigboard, le leader local.

 

  • Renault lance un programme de rachat d'actions de 200 000 titres.

 

  • LVMH embarque ses fournisseurs dans sa stratégie environnementale et signe un partenariat avec Chanel.

 

  • Vivendi étudie ses options pour sa participation de 1,3 milliard d'euros dans Telecom Italia.

 

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