L'Hebdo #053 : Trois marchés émergents à suivre, le prêt relais et la volatilité renforcée par le conflit en Israël
📈 Les news qui ont fait bouger les marchés cette semaine
1. Le marché parisien consolide tandis que la Réserve fédérale américaine envisage une hausse des taux
Le beau rebond hebdomadaire précédent a laissé place à une nette consolidation du marché parisien. Au terme d'une semaine riche en actualité, le CAC40 recule de 0,5% sur cinq séances, à 7004 points ce vendredi soir. Les Banques centrales ont encore occupé le devant de la scène, et notamment la principale d'entre elles, la Réserve fédérale américaine. Comme attendu, la Fed a opté pour le statu quo sur ses taux mais elle a aussi signalé qu'une hausse supplémentaire de 25 points de base est possible d'ici la fin de l'année, afin de s'assurer de ramener l'inflation vers l'objectif des 2%. De plus, les responsables de la Fed s'attendent à ce que les taux ne reculent que de 0,5% l'an prochain à partir du pic potentiel de 5,5-5,75%, ce qui signifie que les taux resteront donc "plus élevés, plus longtemps". En juin, les membres de la Fed prévoyaient plutôt une baisse d'un point de pourcentage des taux en 2024.
2. Les banques centrales européennes marquent une pause tout en restant vigilantes sur l'inflation
En Europe, la Banque d'Angleterre et la Banque nationale suisse ont surpris en décrétant également des pauses dans leur cycle de resserrement monétaire, suggérant que la dynamique inflationniste ralentissait suffisamment. Mais la BoE a prévenu ne pas considérer la récente baisse de l'inflation au Royaume-Uni comme acquise, ajoutant être prête à relever de nouveau le coût du crédit si nécessaire. Du côté de la BCE, plusieurs responsables, comme Joachim Nagel, ont également mis en garde contre des pressions inflationnistes persistantes, jugeant prématuré tout débat sur une baisse des taux. Dans ce contexte, les taux se sont fortement tendus sur le marché obligataire souverain à l'image du 10 ans américain qui a franchi jeudi la barre des 4,5% pour la première fois depuis 2007.
3. L'incertitude géopolitique reste élevée
L'évolution du conflit en Israël reste incertaine et les inquiétudes s'accroissent quant à la possibilité que le conflit s'étende à d'autres régions. Bien que l'élément humain du conflit ne doive pas être négligé, je pense que les conséquences plus générales sur les marchés seront temporaires. Le mouvement le plus notable vendredi a été celui des prix du pétrole, qui ont augmenté de plus de 5 % pour atteindre environ 87 $ le baril. En plus des préoccupations concernant l'escalade du conflit, les États-Unis ont renforcé les sanctions contre les exportations de brut russe, ce qui a également soutenu l'évolution des prix du pétrole aujourd'hui. À court terme, je ne serais pas surpris que les marchés adoptent une position défensive en cas d'escalade du conflit. Toutefois, à plus long terme, les marchés continueront de se concentrer sur les décisions de politique monétaire et sur l'évolution de l'inflation.
📰 Le dossier de la semaine : 3 marchés émergents sur lesquels investir
L'un des secrets de la création de valeur est la diversification du portefeuille. Je le répète souvent dans ma newsletter, il s'agit d'une règle d'or en gestion de patrimoine. Cette diversification peut passer par les classes d'actifs, les secteurs et aussi les zones géographiques. Et en matière de diversification géographique, il est impossible d'ignorer les marchés émergents.
Un pays émergent est une nation qui se situe entre le stade du pays en développement et celui du pays développé. Il se caractérise par une croissance économique rapide, une industrialisation en cours, et une amélioration des standards de vie pour ses citoyens. D'un point de vue financier, un marché émergent est un marché boursier ou un secteur économique d'un pays en développement qui présente un potentiel de croissance important mais aussi un niveau de risque plus élevé par rapport aux marchés développés. Ces marchés attirent souvent des investisseurs en quête de rendements plus élevés, bien qu'ils soient généralement moins stables et moins liquides que les marchés des pays développés.
En général, les actions des économies développées offrent des rendements stables. Toutefois, sur une période de cinq ou dix ans, les actions des marchés émergents surperforment les marchés développés. C'est d'ailleurs ce qui s'est produit par le passé. Examinons les principaux marchés émergents qui semblent attrayants d'un point de vue investissement.
L'Inde
L'Inde est peut-être l'un des meilleurs marchés émergents où investir à long terme. Malgré les difficultés rencontrées par plusieurs marchés émergents, le NIFTY 50 (indice de référence) a progressé de 8 % depuis le début de l'année. Il semble qu'il sera encore plus performant en 2024. L'une des principales raisons de miser sur l'Inde est le fait que toutes les grandes entreprises américaines cherchent à diversifier leur production en s'éloignant de la Chine. L'Inde se présente donc comme une alternative à l'industrie manufacturière chinoise. Bien entendu, la Chine restera une plaque tournante majeure de l'industrie manufacturière. Toutefois, les entreprises qui cherchent à diversifier les risques investissent en Inde. Cela devrait stimuler la croissance du PIB et profiter à certaines grandes entreprises locales. Apple et Boeing comptent parmi les poids lourds de l'industrie indienne.
En ce qui concerne l'évolution des cours des actions indiennes, le titre MakeMyTrip a progressé de 43 % depuis le début de l'année. Deux titres haussiers qui ont consolidé au cours des 12 derniers mois, Infosys et HDFC Bank, semblent prêts pour un rallye de rupture en 2024.
La Chine
Certes, l'économie chinoise traverse une phase de stress. Le secteur immobilier est clairement en récession, tandis que le secteur financier est sous pression. Cependant, malgré les vents contraires, deux points importants demeurent.
Premièrement, la croissance du PIB de la Chine devrait atteindre 5,2 % en 2023. L'économie devrait "afficher une croissance globale constamment inférieure à 5 % pendant le reste des années 2020". Même avec ces estimations, la croissance devrait être bien supérieure au potentiel de croissance des économies développées. En outre, la Chine est une vaste économie dont certains secteurs sont en récession et d'autres en bonne santé. Une sélection minutieuse des titres devrait s'avérer profitable, d'autant plus que plusieurs entreprises chinoises créatrices de valeur feront leur apparition dans les années à venir. Parmi les meilleurs exemples, citons Li Auto et Miniso Group, dont les actions ont toutes deux bondi de 63 % et 123 % depuis le début de l'année, respectivement. Toutefois, si la croissance ralentit encore, il faut s'attendre à une reprise des marchés chinois sous l'effet des mesures de relance.
L'Indonésie
Pour un investisseur ayant un horizon de cinq à dix ans, il est impossible d'ignorer les marchés d'Asie du Sud-Est. L'Indonésie est l'un des principaux marchés de la région qui peut créer de la valeur du point de vue de la diversification du portefeuille.En effet, le PIB réel devrait ralentir à 4,7 % en 2023. Toutefois, la croissance s'accélérera pour atteindre 5,1 % en 2024. Même au-delà de cette période, la croissance en Indonésie devrait rester robuste.
Pourquoi choisir l'Indonésie parmi les économies de l'Asie du Sud-Est? Les rapports indiquent que l'amélioration des compétences peut potentiellement augmenter le PIB de l'Asie du Sud-Est de 4 %, soit 250 milliards de dollars, d'ici à 2030. Parmi les nouveaux emplois créés dans la région, l'Indonésie est susceptible de débloquer 50 % du potentiel régional d'emplois supplémentaires en 2030. Par conséquent, à mesure que la création d'emplois s'accélère et que le niveau de vie s'améliore, de nombreuses industries peuvent bénéficier d'une forte croissance. Les principaux seront la consommation, l'immobilier et les services financiers.
🏠 Immobilier : qu'est-ce qu'un prêt relais ?
Si vous envisagez d’acheter votre nouveau logement avant d’avoir vendu l’ancien, vous avez peut-être besoin d’une source de financement temporaire. C’est très souvent le cas lors d’un changement de résidence principale. Le prêt relais, aussi appelé achat-vente, peut alors être une option intéressante. Quel est le mode d’emploi de ce type d’emprunt, son coût, ses avantages et ses limites ?
Les caractéristiques du prêt relais
Le prêt relais est un emprunt de courte durée répondant à un objectif précis : obtenir une avance partielle d’un établissement bancaire pour financer l’achat de sa nouvelle résidence, avant d’avoir vendu son précédent logement. L'acheteur dispose ainsi d’un délai plus long pour vendre son premier bien immobilier.
Le prêt relais s’adresse donc aux propriétaires, aux secundo-accédants et aux investisseurs locatifs entre deux biens immobiliers. Les primo-accédants ne sont pas concernés par le prêt-relais.
Le prêt relais est soumis à des caractéristiques particulières :
une durée très courte pour un prêt immobilier : sa durée maximale est fixée à 12 mois reconductibles une fois, soit 24 mois (2 ans) au total.
une absence d’indemnités de remboursement anticipé (IRA) puisque c’est la nature même de ce prêt.
un fonctionnement comme un prêt in fine : dans certains cas, vous ne remboursez que les intérêts et le montant de l’assurance emprunteur pendant les premiers mois et remboursez le capital lors de la vente du bien initial.
L’avance partielle accordée par les banques dans le cadre d’un prêt relais est comprise entre 50 % et 80 % du prix du bien immobilier que l’emprunteur met en vente. Il s’agit d’un système protégeant les intérêts de l’établissement financier. Toutefois, cette règle prémunit également le client contre l’endettement : s’il ne trouve pas preneur, il sera obligé de baisser le prix de vente initial.
Quels sont les différents types de prêts relais ?
Plusieurs types de prêt sont envisageables avec votre banque selon votre situation :
Le prêt relais sec : on parle de crédit relais sec si le bien que vous achetez est de même valeur ou moins cher que celui que vous vendez. Il s’agit d’une simple avance de trésorerie, le temps que vous trouviez un acquéreur pour votre logement actuel. Choisir ce type de prêt relais implique donc que vous n’avez pas de crédit immobilier en cours sur le bien à vendre et que le prix de sa vente (et de vos ressources personnelles éventuelles) suffira à couvrir l’achat du nouveau bien intégralement.
Le prêt relais acquisition ou prêt relais adossé : si le prix du nouveau bien est plus élevé et si, en plus, vous avez déjà un crédit immobilier en cours, votre banque vous proposera un crédit relais adossé, qui combinera un crédit relais et un prêt classique. C’est le type de prêt relais le plus courant car il est fréquent qu’on veuille acheter plus grand avant d’avoir fini de rembourser le prêt immobilier de son logement actuel. Tant que l’ancien bien immobilier n’est pas encore vendu, vous paierez donc à la fois les mensualités de votre premier crédit immobilier ainsi que les intérêts du nouveau crédit relais.
Le prêt relais intégré : cette dernière option permet de souscrire un seul et même prêt, de long terme, qui inclura le prêt relais qui permettra de faire la jonction entre les deux biens immobiliers. Ce type de prêt implique le remboursement du capital immédiatement mais n’impose pas de date butoir pour vendre le bien immobilier qui financera l’achat du suivant. Une clause du prêt relais intégré prévoie l’absence de pénalités de remboursement anticipé partiel du crédit une fois que l’ancien bien immobilier sera vendu.
Quels sont les avantages et les inconvénients des prêts relais ?
Parmi les avantages du prêt relais, on retrouve :
1)Le timing et la flexibilité : Le prêt relais vous offre une grande flexibilité en vous permettant d'acheter une nouvelle maison sans attendre de vendre votre propriété actuelle. Cela élimine le besoin de déménagements multiples et les coûts associés tels que la location et les frais de garde-meubles.
2) La facilité d'obtention : Un autre avantage majeur est la facilité avec laquelle vous pouvez obtenir ce type de prêt. Les banques sont souvent prêtes à accepter une simple promesse d'affectation hypothécaire comme garantie. De plus, un courrier du notaire peut suffire pour sécuriser le prêt.
3) La gestion financière simplifiée : Le prêt relais vous évite également le fardeau de gérer deux prêts immobiliers en même temps. Les mensualités sont plus abordables, ce qui vous permet de vous concentrer sur l'acquisition de votre nouvelle maison.
Mais qui dit avantages dit aussi inconvénients:
1) Un coût élevé : L'un des principaux inconvénients est le coût élevé associé à ces prêts. Les taux d'intérêt sont généralement plus élevés que ceux des prêts immobiliers traditionnels, ce qui peut s'ajouter au coût total de votre projet immobilier.
2) Des risques financiers : il y a aussi un risque inhérent à ne pas vendre votre propriété actuelle dans les délais prévus. En cas d'échec de la vente, vous pourriez vous retrouver avec un prêt immobilier à long terme et des difficultés financières.
🏦 Investissement : Les marchés mondiaux se préparent à davantage de volatilité dans le contexte du conflit israélien
Pour finir cette newsletter, je souhaite revenir sur les conséquences de l'attaque terroriste en Israël. Au 15 octobre 2023, l'armée israélienne a déclaré qu'elle se préparait à des « opérations terrestres importantes » à Gaza. Pendant ce temps, les États-Unis ont mené des négociations en coulisses avec l’Iran ces derniers jours pour mettre en garde le pays contre une escalade du conflit. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken fera lundi une deuxième escale en Israël après avoir sillonné le Moyen-Orient avec des escales en Jordanie, à Bahreïn, au Qatar, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis.
Le dollar américain, le yen japonais et le franc suisse, tous des refuges traditionnels en période de troubles, seront au centre des attentions lundi alors que les marchés rouvriront à 5 heures du matin à Sydney. Les devises sensibles au risque, dont le dollar australien, ont connu des ventes anticipées à l'ouverture de la semaine dernière et pourraient à nouveau être sous pression. L'or a connu sa plus forte hausse depuis mars vendredi. Le marché examinera également les prix du pétrole et les bons du Trésor, après une semaine tumultueuse au cours de laquelle les obligations ont oscillé entre les gains et les pertes les plus importants depuis des années. Le principal indice boursier israélien, le TA-35, a repris sa baisse aujourd'hui.
Une guerre plus large au Moyen-Orient risque de faire basculer l’économie mondiale dans la récession, selon Bloomberg Economics. Cela vient s'ajouter à la liste croissante des inquiétudes des investisseurs quant à savoir si la Réserve fédérale a fini de relever les taux d'intérêt et comment un Congrès américain sans gouvernail peut éviter une fermeture du gouvernement. Il existe de nombreuses incertitudes aux États-Unis qui suscitent de nouvelles fluctuations du marché. La semaine dernière, un rapport sur l’inflation brûlant a stimulé les paris sur une nouvelle hausse des taux de la Fed, supplantant les flux vers les valeurs refuges dans les heures qui ont suivi et provoquant la plus grande vente d’une journée pour les obligations à 30 ans depuis le début de la pandémie. Mais le conflit au Moyen-Orient reste le plus grand évènement que les investisseurs doivent digérer.
💸 Les annonces d’entreprises à noter de la semaine :
L’Italie lance la cession d’une participation dans Banca Monte Dei Paschi.
La Juventus a l’intention de demander à ses actionnaires une nouvelle augmentation de capital pouvant aller jusqu'à 200 M€, soutenue par Exor.
Fnac Darty gagne en appel dans les procédures judiciaires liées à la vente de Comet Group et devrait récupérer 130 M€.
Nvidia annule son sommet sur l'IA à Tel-Aviv en raison du conflit armé en Israël.
LVMH affiche une croissance organique de 14% au T3, en ralentissement. La division mode & maroquinerie croît de 9%, contre 11,2% anticipé.
Accor lance un programme de rachat d’actions de 400 M€.
EasyJet commande 157 appareils à Airbus et pose 100 options additionnelles.
Birkenstock chute de 12% pour son entrée en bourse.
Capgemini va racheter jusqu’à 3,2 millions d’actions ou 640 M€ pour neutraliser l’effet de son plan d’actionnariat.
Vinci enregistre une hausse de 21% du trafic de passagers aériens au T3.
L’Autorité britannique de la concurrence a donné son aval définitif à l’acquisition de l’éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard au vu de la dernière proposition déposée par Microsoft.
Source : Les Echos, Investir, Investing, ZoneBourse, Reuters, ABC Bourse